Lors d’une conférence “Contre l’écologisme”, je m’inquiétais des discours modérés qui parfois sont le masque d’une défaite culturelle. Le politiquement correct prend toujours deux visages : celui de l’approbation faussement courageuse se mêlant à la voix de la majorité et des médias, et “en même temps”, comme le suggère un président avec une finesse qu’on raille sans en percevoir la véritable ironie, celui d’une opposition qui du coup se présente comme encore plus courageuse, encore plus opposée au politiquement correct alors qu’elle le nourrit. Ainsi va l’art politique de la manipulation qui monopolise la thèse et l’antithèse volant à une “bonne science” la possibilité de toute synthèse. Ceci à l’insu des intervenants qui s’opposent avec joie sur les plateaux, ce qui rend l’enfumage d’autant plus efficace.
Depuis plus de 20 ans, les tenants du réchauffisme et ceux de l’anti-réchauffisme empêchent ainsi tout débat serein dans un domaine devenu religieux : d’un côté ceux qui “croient” à l’exclusivité du CO2 dans le réchauffement climatique, devenu opportunément dérèglement climatique avec l’évidence que les températures ne suivent que les courbes les plus basses, d’un autre côté ceux qui dénoncent l’écologisme des premiers, divisés eux-mêmes en deux camps, ceux qui remettent en cause le réchauffement et ceux qui ne le remettent pas en cause.
Inutile de détailler les forces en présence !
Devant la domination culturelle de l’ONU et de ses vassaux comme le GIEC, le camp de l’exclusivisme du CO2 a gagné ou avait gagné d’avance devant l’éparpillement de ses opposants entre souverainistes, complotistes, vrais scientifiques - la vraie science est un combat souvent mené dans la persécution et l’isolement -, réalistes, écosophistes, etc.
Ne revenons pas trop longtemps sur l’inanité scientifique du rôle principal du CO2 dans l’évolution du climat allègrement confondu avec écologie : dès 1909, l’opticien N. Wood démontrait qu’une serre transparente aux infra-rouges s’échauffait aussi vite qu’une serre les rendant pour tout ou partie captifs. Cette idée absurde s’est vite avérée incapable de servir de fondement à des modèles d’autant plus monstrueux qu’ils ne s’appuient pas sur une théorie solide, y compris lorsqu’on réintroduit le facteur vapeur d’eau, principal gaz à effet de serre pour le coup. La formation des nuages n’est toujours pas vraiment comprise. Or ils sont l’élément principal, quasi électromagnétique - dimension volontairement ignorée - pouvant concourir à stopper tout ou partie du rayonnement solaire, à l’arrivée comme lors de la réémission des infra-rouges par le sol.
Lors de la conférence de Bruno Durieux, je m’étonnais que condamnant les excès politiques et les conséquences dommageables de la victoire culturelle écrasante de l’écologisme, il ne remette pas en cause la doctrine du CO2 sur laquelle l’écologisme s’appuie dans le temps même où le progrès des sciences et des technologies devrait venir à bout de tous les désagréments et pollutions créés par l’industrie.
Comment nier ou ignorer que les insectes disparaissent laissant à l’homme le soin de polliniser artificiellement ? Il n’y a plus une seule abeille en Chine ! Comment nier que les océans s’acidifient ? La mer de plastique s’étend ! Comment nier que bien des maladies modernes résultent des modes industriels de l’agriculture ou de la chimie ? Comment nier que certains fruits et légumes contiennent jusqu’à 50 fois moins de certains nutriments indispensables qu’il y a 50 ans ? Comment nier qu’il faut compenser l’obscurcissement du ciel par des cures de vitamine D ? Même si le bilan est “globalement” positif.
Le bilan serait largement positif ! Oui mais à quel prix ?
Faut-il jeter le bébé écologie avec l’eau du bain de l’écologisme ?
Cela me rappelle le “globalement positif” des communistes en mal de défendre le bilan de l’ex URSS ! Même si le “vert” progresse dans les forêts et les déserts, grâce d’ailleurs au soleil et au CO2, malgré l’intensification de la déforestation !
“Globalement positif” en santé, en durée de vie, en alimentation, en population nourrie, voilà qui dit tout, car cela passe par pertes et profits tout ce qui a fait notre art de vivre et l’humanisme : l’esthétique, l’art, les détails qui font de la Terre un paradis et non un enfer, le partage, la préférence donnée à l’amour du local par rapport à la comptabilité du global !
Ce globalement positif du recto onusien accommodé au verso d’une sauce de catastrophisme façon Giec, signe en fait le retour d’un anti-humanisme
Une école de pensée pointe en effet le bout de son nez derrière la religion de l’écologisme : l’écosophie*.
Cette approche, défendue parfois avec de justes mots par Edgar Morin ou Michel Maffesoli, peut paraître intéressante : je l'ai bien connue avec Félix Guattari dont j'ai fréquenté le petit groupe de réflexion. Son livre est le nec plus ultra de cette école qu'il a essayé de réhabiliter et de sauver de ses penchants. D’où peut-être son danger.
En effet, au départ, l’écosophie est une philosophie anti-humaniste fondée par Arnold Naess, une deep ecology d'extrême droite qui dénie à l'homme tout avantage dans l'évolution et tout droit préférentiel à sa propre existence. Elle est un fondamentalisme qui cache son jeu, une éthique dangereuse. De loin, c'est sympa. De près, c'est un enfermement !
L'écosophie vise à remplacer non pas le discours sur la nature mais la relation du logos avec la nature (éco), c'est à dire la saine relation de l'homme, de la nature et de sa culture par en effet "la sagesse de la nature", un masque sympathique a priori mais en réalité une sagesse qui ne doit rien à l'homme, à sa culture, bref en effet à son logos, terme certes valise qui résume pourtant tout ce dont nous avons hérité de notre civilisation.
Or si la nature peut être massacrée et saccagée par l'Homme, à son détriment d'ailleurs, à long terme elle ne survivra pas sans l'homme pour des milliers de raisons : disparition du CO2, ères glaciaires de plus en plus sévères, éruptions ou catastrophes cosmiques comme celle du Toba ou de la comète Scholtz qui a bien failli faire disparaître l’humanité en herbe.
Le rôle de l'Homme, son Œuvre, est de compléter et de protéger la création.
Compter sur la seule sagesse de la Nature, ce serait un suicide programmé à l'image de toutes les sectes qui ont prospéré au 20ème siècle sur le terreau du fondamentalisme et qui continuent d'ailleurs sous d'autres formes. L'exclusivisme du CO2 en est une forme certes plus subtile : elle mène à une nouvelle forme de guerre des religions et donc participe à l’impuissance des politiques face à la montée des Empires et des puissants.
La "Nature" est cosmique. Il existe sans doute des millions de mondes peuplés de consciences. Elle n'est pas accrochée à la survie de notre seule planète. Elle peut être impitoyable à notre égard. Remplacer les excès de l'anthropocentrisme par la sanctification divine du destin de la seule Terre n'est qu'une forme encore plus fondamentale d'un nouveau “terro-centrisme” (celui de la Terre), un terrorisme de la pensée ; cela conduit à l'abandon de l'Homme à qui la Terre devra peut-être sa mort mais aussi plus vraisemblablement sa survie si l'écologie humanisme réussit sa révolution intellectuelle et culturelle.
Nous en sommes loin !
Sous prétexte de condamner l’écologisme, ne condamnons pas l’écologie !
Patrice Hernu
2 février 2019
* Du moins celle d'Arnold Neass et de ses émules, même si mes amis Félix Guattrai ou Michel Maffesoli ont tenté de lui redonner sens et vie.