Berthold Brecht
Deuxième partie : Soutien à une éducation rénovée
Dès la Maternelle
J’ai déjà rappelé à quelle vitesse astronomique s’ébauchait le cerveau humain entre 3 et 5 ans (1000 nouvelles connexions neuronales par seconde). C’est l’heure où tous les apprentissages sont possibles. Apprendre une langue étrangère pour l’enfant de parents binationaux, exercer sa main gauche au piano pour le futur concertiste, s’initier aux échecs pour le futur Grand Maître, dévorer les livres dès qu’on lui a appris à lire, découvrir les mystères des ordinateurs que beaucoup d’adultes ne comprendront jamais.
Il faut être fou ou bien ignorant pour ne pas comprendre que c’est là que tout se joue !
Etaler l’apprentissage de l’Anglais à coup de 2 heures par semaine du Primaire au Supérieur quelle stupidité !
Attendre la classe de seconde pour savoir résoudre une équation du second degré alors que c’est si facile. Quel dommage !
Goûter les bonheurs de la Littérature ne serait-ce qu’en commençant par les contes de Perrault ou les fables de La Fontaine. Quelle facilité !
Nous entrons dans une ère hyper technologique où seule l’élite tirera son épingle du jeu. Malheur aux Nations qui ne l’auront pas compris.
La Corée du Sud était il y a 70 ans dans le même état que la Corée du Nord. Aujourd’hui elle a surpassé la France dans bien des domaines. Heureusement pour nous on vient d’y interdire les cours particuliers aux enfants de moins de 6 ans après 22 heures !
Des Maîtres respectés
Il est certes loin le temps où Charles Péguy nous parlait de « Nos jeunes Maîtres, beaux comme des hussards noirs, sveltes, sévères, sanglés, sérieux, un peu tremblants de leur précoce de leur soudaine omnipotence »
Ce n’est sans doute pas en les sous-payant (leur salaire est la moitié de celui de leurs collègues allemands) qu’on attirera des candidats au CAPES ou à l’Agrégation. En Mathématiques où d’autres horizons sont possibles le résultat est tout simplement catastrophique. Faute de Maîtres on réduit les programmes et chacun sait qu’une bonne façon de faire baisser la température est de casser le thermomètre !
Mais le problème ne réside sûrement pas QUE dans la question de la rémunération.
Le Maître d’autrefois était respecté. On venait le consulter comme le Curé ou le Médecin. Il ne serait pas venu à l’idée d’un galopin d’être impoli et si cela avait été le cas il aurait reçu une double correction : à l’école d’abord puis en rentrant chez lui ensuite.
Combien de Professeurs ont aujourd’hui peur des élèves violents. Ô certes pas à Louis le Grand, Stanislas ou Henri IV. Les places y sont trop chères. Mais dans n’importe quel bahut de banlieue non seulement les élèves ne respectent plus leurs Profs, mais souvent les parents s’en mêlent comme cet homme tellement stupide qui relaya les mensonges de sa fille sur les réseaux sociaux ce qui finit par aboutir à la décapitation de Samuel Paty !
Les Enseignants doivent aussi faire un effort, ne serait-ce que sur la durée de leur service et leur implication plus grande dans l’établissement (où ils n’ont même pas un bureau personnel) doit aller de pair avec une autonomie de gestion et un pouvoir de recrutement plus libre laissé à l’appréciation du Chef d’Etablissement.
Tutorat scolaire
La nature a horreur du vide et quand le système éducatif faillit (Nous sommes 23èmes au Classement PISA, une véritable honte pour le Pays qui a inventé l’Education Nationale) les officines à but lucratif s’engouffrent dans la brèche.
On a vu fleurir abondamment ces dernières années des classes préparatoires privées (à 10.000 € l’inscription annuelle) des Ecoles d’enseignement supérieur (HEC et équivalent à 15.000 € d’inscription par an) des soutiens du soir comme Acadomia pour suppléer les parents pris par leur travail et le tutorat scolaire INEXISTANT.
Demain, si on n’y prend pas garde on verra se créer des établissements primaires, des Lycées et Collèges privés sous contrat qui à la différence de l’enseignement privé confessionnel d’aujourd’hui n’hésiteront pas à se « faire du fric » sur les remords de parents suffisamment pris pour n’avoir pas le temps de s’occuper de leurs gosses et suffisamment riches et conscients de l’importance de l’éducation pour payer ce qu’il faudra pour garantir l‘avenir de leur progéniture.
Faisons un pari : Créons un établissement privé qui après un test d’admission se proposera de prendre en charge l’éducation d’un enfant à partir de la 6ème pour 15.000 € par an pendant 10 ans (jusqu’à la fin des Prépas) avec un prêt d’honneur de 150.000 € remboursable si l’enfant n’intègre pas une grande école (ENS, X, Centrale, Mines, ENSAE, … ou quelques étrangères du même acabit MIT, Harvard, Princeton, Oxford, Cambridge…)
Sûr qu’on ne manquera pas de candidats ! Et que beaucoup réussiront. Ils feront ensuite comme Barack Obama qui était déjà la Maison Blanche lorsqu’il a fini de rembourser son prêt étudiant à Harvard !
A 300.000 € de budget pour 20 élèves par classe, quels enseignants ne pourraient travailler !
Assez de stupidité à l’entrée dans nos Universités
De mon temps, comme on dit, 15% des jeunes Français passaient le Bac en 2 parties et c’était honteux de n’avoir qu’une Mention Assez Bien. Aujourd’hui, depuis la phrase malheureuse de Jean-Pierre Chevènement qui voulait que 80% d’une classe d’âge aient le Bac, les parents craignant que leur enfant se retrouve dans la « poubelle » acceptèrent l’alphabétisation décadente de cet examen en sections E, F, G, H, I …. Et oublièrent qu’il vaut mieux apprendre un bon métier manuel à 14 ans que d’être plus tard un chômeur aigri en sortant de filières universitaires sans débouchés que je ne désignerai pas mais que tout le monde connait.
Le Bac doit être l’examen de fin d’études secondaires et non le droit d’entrer à l’Université. Pour cela des classes préparatoires existent et il faudra en créer d’autres. Les exemples de LLG, H4, Ginette, Versailles, Hoche et quelques autres doivent servir à faire comprendre que seuls un travail acharné et l’acquisition d’une base de savoir suffisante peuvent permettre un épanouissement dans le supérieur.
Quitte comme on l’a fait avec les IUT à mettre également en place des structures intermédiaires moins exigeantes basées sur l’alternance Ecole -Entreprise, Ecole -Hôpital ou autres qui règleraient bien des problèmes.
Un exemple : on se plaint des déserts médicaux ! Faut-il faire 12 ans d’études pour être en première ligne en matière de santé, vacciner, diagnostiquer des cas simples, surveiller des traitements, connaître les gestes essentiels des secouristes ? D’autant qu’avec les instruments connectés on pourrait si facilement s’appuyer sur une expertise distante ! Je préfèrerais en urgence subir un ECG par une infirmière qui ne saurait que bien placer les électrodes, ECG qui serait interprété ailleurs en bout de ligne par un cardiologue compétent, plutôt que de confier l’interprétation à un généraliste moins expérimenté qui laisserait passer une onde Q de nécrose, un flutter ou une ACFA.
A SUIVRE
Pierre Chastanier