Soutenir la croissance en pleine période d’inflation, rassurer les prêteurs lorsqu’on approche des 3.000 milliards de dettes, réduire le déficit pour tenter de retrouver les 3% vertueux exigés par Bruxelles, est loin d’être chose aisée sans majorité absolue et devant une Chambre indisciplinée cherchant à en découdre avec l’exécutif.
Pour tenter de convaincre la toute puissante Commission Européenne (pourtant non élue) du réalisme de ses prévisions, le Gouvernement Français se doit de donner des gages.
Et il est loin d’y parvenir en annonçant comme par hasard que le déficit budgétaire finira à 2.9% à la fin du quinquennat en ne parlant, bien entendu, ni de l’inflation ni de la guerre en Ukraine !
Alors il ne reste plus à Emmanuel Macron et à Bruno Le Maire qu’à affirmer que la France va « travailler plus » en réduisant le chômage certes (mais il faut croire à la magie) et plus concrètement en retardant l’âge de départ à la retraite.
Le Haut Conseil des Finances Publiques devant l’incohérence des prévisions chiffrées se montre pour le moins dubitatif, émettant des doutes sur le plein emploi annoncé, sur la croissance espérée de la productivité du travail, sur les risques de faillites d’entreprises perfusées pendant le Covid …lorsqu’il faudra bien rembourser.
Alors qu’il conviendrait le plus souvent de « dégraisser » les effectifs, seule une reprise forte concrétisée par d’importants carnets de commande pourrait favoriser un retour au plein emploi. On en est loin
La crise actuelle liée à la Guerre en Ukraine n’encourage guère à l’optimisme et malgré la faiblesse tragique des recrutements dans de nombreux secteurs, l’Etat ne trouve d’autre solution que…d’augmenter la population active en retardant l’âge de départ à la retraite, oubliant que beaucoup parmi ceux qui resteraient de ce fait quelques années de plus sur le marché du travail risquent fort de se retrouver…chômeurs !
Sur l’ordre de Macron et Le Maire, la version, pessimiste, des prévisionnistes de Bercy a été « retoquée » et ils ont été forcés d’annoncer que 240.000 personnes qui seraient parties à la retraite avec la législation actuelle seront toujours au travail à la fin du quinquennat (Après moi le déluge !)
Mais c’est sans compter sur la rue qui ne demande qu’à manifester à nouveau dès la rentrée dès que la réforme des retraites sera planifiée à l’Assemblée et peut-être même avant si ressurgissent les « Gilets Jaunes » retrouvant les slogans qui les avait fait pousser autour des ronds-points lorsque l’essence avait atteint…1.5 € le litre !
Comme chaque nouvelle élection doit essayer de caresser le peuple dans le sens du poil on commence à annoncer des baisses d’impôt touchant le plus grand nombre (suppression de la redevance audiovisuelle, poursuite de la baisse de la Taxe d’habitation…) et on distribue de (petits) chèques de rentrée.
L’ennui c’est que si l’on diminue les impôts et si la croissance n’est pas au rendez-vous, la seule solution pour ne pas recourir à un endettement supplémentaire massif alors que le taux des prélèvements obligatoires conserve son titre de « champion du monde » est de diminuer drastiquement la dépense publique.
Mais comment faire sans toucher à la Sécurité sociale, aux lits d’hôpitaux, au nombre de fonctionnaires, aux besoins de la Police et de la Justice, à l’assistanat social, aux besoins de nos armées démunies par le matériel donné en aide à l’Ukraine alors que le poids de la dette va s’alourdir.
Une seule solution, celle qu’avait déjà connue Pierre Mauroy en 1983 : l’austérité !
Et on aimerait la voir apparaître tout d’abord dans les dépenses somptuaires de la Haute Administration (Elysée, Ministères, Assemblées) et dans l’inutile duplication dans les régions de ces mille-feuilles où chaque petit potentat local cherche à reproduire l‘exemple venu d’en-haut !
Ce n’est pas suffisant d’annoncer que le déficit sera revenu en 2027 à 2.9% du PIB. Il faut démontrer chaque année par les progrès réalisés que l’on tient compte des mises en garde de Pierre Moscovici, Président de la Cour des Comptes (une institution qui elle-aussi ferait bien de se soumettre à une cure d’amaigrissement) « Si la France est le pays qui consacre le moins d’efforts sur sa dette, cela va finir par se savoir ! ».
Espérons en plagiant Ruy Blas que des manifestants en délire ne chanteront pas sur l’air des lampions :
Bonne rentrée Messieurs, O ministres intègres !
Conseillers vertueux ! voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où la France agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
Que d'emplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !