On peut trafiquer les chiffres comme on veut en diminuant par exemple le nombre de chômeurs en suscitant la création d’autoentrepreneurs (type UBER) taillables et corvéables à merci mais quoi qu’il en soit, si on utilise la définition de Pôle Emploi et non celle du BIT qui considère qu’une personne ayant travaillé 1 heure dans la semaine n’est pas un chômeur, on doit considérer comme chômeur une personne sans emploi effectuant activement des recherches pour trouver un travail même si elle exerce une activité réduite.
Il y a ainsi en France sur nos 5.7 millions de chômeurs, 65% soit 3.6 millions chômeurs de Catégorie A
Or, dans le même temps des secteurs entiers de l’économie manquent de personnel et depuis la crise sanitaire la pénurie de ressources humaines s’étend. Dans l’hôtellerie, la restauration, les aides à domicile, le bâtiment et même dans de nombreuses PME d’informatique ou d’aéronautique les difficultés de recrutement s’accélèrent.
Plus de liberté, moins de travail, refus des horaires décalés, refus du travail le dimanche, acceptation d‘une réduction du niveau de vie en se suffisant d’un travail à temps partiel, voilà qui explique que par exemple l’hôtellerie-restauration qui déjà était extrêmement déficitaire (1 million d’emplois de moins que dans le même secteur en Allemagne) a vu plus de 200.000 personnes quitter leur emploi au cours du Covid sans être remplacées.
On doit donc se poser la question : Pourquoi tant de postes sont-ils à pourvoir ?
- Manque de qualification ?
- Freins à la mobilité géographique et familiale (logement, école des enfants…) ?
- Salaires insuffisants ?
- Diminution du nombre d’actifs dans une population vieillissante ?
Les solutions évoquées sont évidemment :
- L’automatisation et la robotisation des tâches lorsqu’elle est possible
- L’appel à une main d’œuvre étrangère malgré les problèmes souvent posés par l’immigration
Reste tout de même en priorité la question des salaires :
Chaque poste quel qu’il soit doit pouvoir trouver preneur si le salaire proposé devient suffisamment attractif.
L’appel à une population immigrée acceptant des salaires réduits ne dure qu’un temps. Une fois installée elle apprend très vite quels sont les vrais salaires proposés aux Français de souche et par quels mécanismes elle peut profiter d’un assistanat social lui permettant de vivre sans travailler (le nombre de chômeurs parmi la population immigrée légale est plus du double de celui de la population non-immigrée).
La robotisation exige des investissements lourds et ne touche qu’une partie de l’activité économique
Reste donc l’augmentation des salaires.
Mais comment la rendre possible sans ruiner l’activité économique de certaines branches.
Imagine-t-on les Français prêts à accepter de payer le double, le prix d’une boisson ou d’un repas pour que le cuisinier ou le serveur perçoive un salaire suffisamment motivant ? Non bien sûr.
Une réponse simple possible : Moduler les charges salariales et patronales en fonction du type d’activité pour que le salaire net devienne attractif. Et il y a de la marge !
Pour un salaire brut mensuel de 2500 € (autour de 1900 € net après impôts) le coût total entreprise est de 3300 €
Si le « serveur » ou le « cuistot » qui refuse de travailler à 2500 € brut accepte de le faire à 3.000 on perd (à coût égal pour l’entreprise) 800 € chaque mois sur les charges patronales et salariales. Mais s’il travaille plutôt que de recourir au chômage, on gagne 1950 € chaque mois sur l’assurance chômage pendant toute la durée d’indemnisation (sans parler du coût de gestion de cette assurance chômage et de Pôle emploi).
Pour une période d’indemnisation de 24 à 36 mois selon l’âge, cela couvrirait une période d’emploi minimum de 56 à 87 mois à budget équivalent !
La solution consisterait donc à :
- Tenir compte de l’ensemble des budgets concernés : Salaire+ Charges sociales patronales + charges sociales salariales + indemnité chômage à verser si le salarié refuse de reprendre son travail + Frais de gestion de Pôle emploi
- Ramener à coût égal entreprise le salaire brut maximum qui pourrait être proposé
- Ventiler la diminution de charges en fonction de l’attractivité du travail (Plus le travail est attractif moins les charges seront diminuées. Elles pourront même être augmentées par solidarité pour certains emplois)
Autre moyen d’améliorer l’attractivité : Faire sa semaine en 4 jours
Vaut-il mieux travailler 35 heures en 5 jours de 7 heures avec 5 déplacements AR chaque semaine plus les frais et le temps perdu que cela représente ou 36 h en 4 jours de 9 heures dont 1 heure supplémentaire rémunérée (meilleur salaire) alors que dans les métropoles 1 déplacement hebdomadaire de moins aura déjà largement fait gagner cette heure de travail de plus ?
Et pourquoi ne pas faire fonctionner l’entreprise en deux équipes, l’une travaillant du Lundi au Jeudi 36 heures et l’autre travaillant du Vendredi au Dimanche 27 heures payées 36 lorsque l’intérêt de l’entreprise est d’utiliser à pleine capacité ses machines sans investissement supplémentaire (7 jours sur 7) ou d’accueillir ses clients le Samedi et le Dimanche sans avoir à supplier ses salariés qui seraient payés de la même façon ne travaillant que 27 heures sur 3 jours ?
3 jours de congé par semaine pour les uns, et 4 jours pour les autres qui accepteront de sacrifier leur week-end
Quand on n’a pas de pétrole il faut avoir des idées !