Depuis sa fondation, la Charte de l’ONU en 1945 interdit de recourir à la guerre à deux exceptions près, lorsqu’un pays est attaqué car il a le droit de se défendre (C’est le cas de l’Ukraine aujourd’hui) ou lorsque la guerre est déclarée avec un mandat explicite de l’ONU.
Or, le Conseil de Sécurité de cette organisation (Etats-Unis, Grande Bretagne, France, Russie, Chine), 5 pays sur 193 qui décident (en principe) de la paix du monde est majoritairement aux mains de l’OTAN (3 sur 5), elle -même constituée de 12 Etats membres (USA + Europe occidentale) auxquels s’ajoutent la Suisse et l’Autriche dans un Partenariat Pour la Paix.
Les USA contrôlent l’OTAN, l’OTAN contrôle l’ONU ! Ce « machin » comme disait le Général de Gaulle est donc finalement entièrement sous la coupe des Américains.
Or, aux termes de cette définition, la plupart des guerres déclenchées depuis la fondation de l’ONU sont illégales : Iran, Guatemala, Egypte, Cuba, Indochine, Nicaragua, Irak, Panama, Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen… La CIA, d’immenses intérêts privés, le complexe militaro-industriel américain sont toujours derrière ces conflits.
Personne ne défendra un dictateur au pouvoir depuis 22 ans au Kremlin et demain, malgré l’orgueil national blessé des Russes, la révolte surviendra sans doute de l’intérieur même du Pays qui tôt ou tard aspirera à la démocratie.
D’autant que la population russe (une immense majorité de pauvres dissimulée derrière quelques oligarques, dont Poutine, honteusement riches) souffrira des sanctions imposées par l’Occident et, parmi les quelques 11 millions d’Ukrainiens vivant en Russie, certains entreront sûrement en résistance si la guerre continue et si le gouvernement de Kiev est renversé.
Mais comment a-t-on pu en arriver là ?
Le principe du « Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes » énoncé pendant la Première Guerre mondiale mais inéquitablement appliqué par la SDN puisque les peuples colonisés en furent exclus, fut réaffirmé en 1945 dans la Charte de l’ONU qui pourtant ne tint nul compte par exemple, des préférences des populations européennes partagées entre les zones d’influence issues de l’ex-pacte germano-soviétique.
L’indépendance réussie du Kosovo en 2008, la volonté séparatiste de la Crimée en 2014, l’aspiration avortée de la Catalogne en 2017, la guerre d’Ukraine d’aujourd’hui née du refus de reconnaître les républiques séparatistes du Donbass sont les conséquences actuelles de l’application ou du rejet de ce même principe.
Poutine, humilié de n’avoir pu faire accepter en décembre, une conférence sur la sécurité européenne qui aurait consacré l’existence d’une zone tampon ukrainienne entre l’OTAN et la Russie, pouvait facilement trouver, après 8 ans d’affrontements et 14.000 morts entre les russophones du Donbass (petit territoire de 16.000 km2 face à l’immense Ukraine de 560.000 km2) et l’armée ukrainienne, dans la reconnaissance des Républiques séparatistes constituées après deux référendums ultra majoritaires à la suite du coup d’Etat qui renversa en 2014 le Président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovytch, l’occasion de montrer sa détermination en installant au Donbass une force de maintien de l’ordre pour arrêter de part et d’autre la poursuite du conflit et s’en tenir là.
Il aurait été sanctionné par l’Occident mais tout lien n’aurait pas été rompu.
S’il avait alors eu l’intelligence de proposer au Président ukrainien Volodymyr Zelensky une rencontre qui aurait pu déboucher sur un cessez-le-feu immédiat définissant :
- L’acceptation par l’Ukraine de la sécession du Donbass
- Sa neutralité par rapport à l’OTAN
- Un accord avantageux de coopération avec la Russie incluant la fourniture de gaz
- Une garantie de non-agression réciproque
- La demande conjointe de l’Ukraine et de la Russie de participer aux côtés de l’UE à une conférence sur la sécurité et la coopération en Europe
Nul doute que l’issue tragique d’aujourd’hui n’aurait pas eu lieu.
Les rodomontades d’un Ministre de la Défense français qui rappelle à Poutine que « l’OTAN est une alliance nucléaire, je n’en dirai pas plus ! », est d’une telle naïveté qu’elle nous fait honte. Une bombe atomique sur Moscou et Paris est détruite dans la minute suivante et la force de dissuasion est comme la pile Wonder. Elle ne s’use que si l’on s’en sert !
Le Président Macron doit essayer « quoi qu’il en coûte » de maintenir le contact avec Poutine car on ne peut faire la paix qu’avec ses ennemis !
Il faut donner à ce dernier le sentiment que tout peut s’arrêter (intervention militaire et sanctions économiques) si des deux côtés une volonté de dialogue persiste et si la conférence pour la sécurité en Europe peut être enfin tenue, au moins entre Européens !
Dans le cas contraire (renversement du Président Ukrainien, mise en place d’un pouvoir fantoche, sanctions économiques sévères, réactions russes par la guerre du gaz, rapprochement asiatique Russie-Chine-Inde, menées anti-américaines à travers le monde…) nous entrerons dans un conflit larvé dont hériteront nos enfants.
Politiciens de tous bords : Bravo !
Pierre Chastanier