Il n’y avait pas eu de grand suspense !
Le 10 Avril, au soir du premier tour, après le retrait d’Éric Zemmour de la campagne présidentielle faute d’un nombre suffisant de parrainages, Marine Le Pen avait finalement devancé d’une très courte tête Valérie Pécresse, jugée trop semblable à Emmanuel Macron, et on avait enregistré sans la moindre surprise la catastrophe attendue chez une Gauche au plus bas de son étiage.
Ce soir-là après publication des résultats, Valérie Pécresse avait choisi de maintenir le cordon sanitaire instauré par Jacques Chirac en 1988 et appelé à se rassembler autour d’Emmanuel Macron sous réserve d’un engagement de ce dernier, avant le second tour, à former une coalition à Droite avec les LR.
Le Président sortant n’avait pas été formel mais il avait parlé en cette période de pandémie de Gouvernement d’Union Nationale et les LR voyaient déjà, après Edouard Philippe, transfuge de 2017, Valérie Pécresse à Matignon !
Comme on s’y attendait le fameux débat d’entre deux tours entre une Marine Le Pen beaucoup mieux préparée qu’en 2017 et un Président sortant mûri par 5 années d’expérience avait à nouveau tourné en faveur de ce dernier.
Le résultat était sans appel bien que le RN ait considérablement progressé depuis les 82/18 de 2002 (Jacques Chirac/Jean-Marie Le Pen) et les 66/34 de 2017 (Emmanuel Macron/Marine Le Pen)
Avec un score de 57/43 quelques leçons essentielles allaient pouvoir être tirées de cette campagne si particulière.
La Gauche défaite par la multitude de ses candidatures allait voir disparaître Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot l’un parce qu’il incarnait une Gauche idéologiquement totalitaire, l’autre parce qu’il avait démontré que l’Ecologie était un sujet beaucoup trop sérieux pour être confié au radicalisme islamo-gauchiste et aux dérives mentales de certaines des figures de proue d’EELV!
Au RN on comprenait qu’une page venait d’être tournée.
Après la trilogie Jean-Marie Le Pen 14% en 1988 – 15% en 1995 – 16.8% en 2002 : 3 échecs
La trilogie Marie Le Pen: 18% en 2012 – 34% en 2017 - 43 % en 2022 : 3 échecs même s’ils étaient nettement plus honorables.
Le plafond de verre était toujours là et il fallait trouver autre chose pour briser ce cercle vicieux infernal imaginé en 1986 par François Mitterrand qui avait si bien réussi à diviser la Droite.
C’est alors que tel un phénix se renaissant de ses cendres, Eric Zemmour, considéré par beaucoup de Français comme la victime d’un système stupide (Avec entre 12 et 15% d’intentions de vote il n’avait pas pu se présenter alors que Poutou et Arthaud s’étaient qualifiés, eux, avec moins de 1% des voix) allait commenter les résultats en reprenant le slogan de « l’Union des Droites » (il avait peut-être lu mon édito du 2 décembre, une date fameuse s’il en est pour un fanatique de Napoléon) !
Rapidement rejoint par Eric Ciotti et Marion Maréchal il allait constituer une véritable force de frappe pour les Législatives qui allaient suivre témoignant du possible éclatement à Droite des RN et des LR en faveur d’une nouvelle Union regroupant une partie du RN, Reconquête et une partie des LR et des Centristes.
Les LR déboussolés par l’échec même minime de Valérie allaient comprendre que pour 2027 l’abondance de candidats potentiels (Valérie Pécresse, mais aussi Xavier Bertrand mal remis de son échec aux Primaires, Laurent Wauquiez qui estimait son heure venue, Edouard Philippe avec son parti bleu Horizons) allaient malgré le départ d’Éric Ciotti être bien problématique.
On verrait plus tard selon les résultats des Législatives des 12 et 19 Juin 2022 comment évoluerait la situation.
LREM forte de son succès mais très mal implantée localement allait devoir représenter des candidats qui avaient essuyé bien des attaques (Gilets Jaunes, Grèves, Enseignants, Antivaccins, …) et nombre de ses Députés, dépités par le système envisageaient de ne pas se représenter.
La Gauche, étourdie par sa cuisante défaite comprenait enfin que seule l’Union lui permettrait de rebondir. Il fallait changer les têtes, attirer des jeunes, s’atteler à un programme consensuel, revenir à une social-démocratie plus réaliste permettant de lutter contre l’abstention.
Il restait moins de deux mois pour reconstituer le paysage politique français !
Mais en France on en avait vu d’autres !
Des 150 étudiants menés par Daniel Cohn-Bendit le 22 Mars 1968 à Nanterre à la marée gaulliste du 30 mai 1968 défilant sur les Champs Elysées pour arrêter la chienlit (sic) il n’y avait guère eu plus que 2 mois !
2 mois pour terminer cette campagne
2 mois pour refaire ensuite la France
Une cohabitation possible en perspective. Les Français aiment bien ça !
Voilà qui nous permettrait d’en finir avec ce sinistre quinquennat qui a transformé la République en une Monarchie Républicaine !
A suivre pour un autre épisode de politique-fiction !