Eric Ciotti vient d’emporter d’une courte tête le premier tour de la Primaire des LR. Sa position tranchée, son attachement au Parti, lui ont valu la faveur d’un quart des militants mais Valérie Pécresse, excellente candidate moins clivante que lui, arrive à un demi-point près et, bénéficiant du désistement de Xavier Bertrand qui, à défaut de Président, se verrait bien Premier Ministre, de Philippe Juvin qui jette déjà un œil sur l’Avenue de Ségur et de Michel Barnier qui profitant de la Présidence Française pourrait bien essayer de se positionner pour la Présidence de la Commission Européenne en 2024, elle a de bonnes chances de le dépasser au second tour.
En fait, cet excellent orateur a montré au cours des débats qu’il n’était pas très éloigné des positions d’Éric Zemmour mais, de ce fait, il risque, malgré son attachement aux LR qui lui vaudra la reconnaissance des vieux militants, de perdre les voix de tous ceux, désormais soutiens de Valérie Pécresse, qui se classant à Droite ont en réalité une véritable orientation centriste (Bertrand, Juvin et Barnier).
On se rappelle le vieil Horace de Pierre Corneille :
Que voulez-vous qu’il fit contre trois (Bertrand, Juvin et Barnier) ?
Qu’il mourût ! Ou qu’un beau désespoir alors le secourût !
Or l’échec flagrant du Ni-Ni auquel j’ai moi-même cru longtemps, bien avant Emmanuel Macron, témoigne de la nécessité d’un débat permanent entre Droite et Gauche comme fondement même de la démocratie.
Il est donc impérieux que le Président ne soit plus ce Monarque Républicain omnipotent qui faisait dire à Chirac parlant de Sarkozy « Je décide, il exécute », à Sarkozy à son tour parlant de Fillon comme de son collaborateur et à Emmanuel Macron jupitérien de tout décider seul avec une petite équipe toute dévouée à son service et bien éloignée du Parlement.
Ce Président ou cette Présidente (bis repetita placent) doit comme les Présidents ou les Reines et Rois de TOUS les autres pays européens se comporter comme un Arbitre confiant au Premier Ministre (ou, comme en Allemagne, au Chancelier) comme l‘impose la Constitution, le soin de conduire la politique de la Nation et se cantonner à ce rôle, ô combien important, pour trouver des compromis entre les groupes politiques tout en conservant le réel pouvoir en cas de crise de dissoudre l’Assemblée.
Une élection du Président au scrutin uninominal à un tour pour un septennat non renouvelable, une dose importante de proportionnelle aux Législatives et un renouvellement à mi-mandat du Parlement constitueraient donc avec le recours plus fréquent aux referendums une évolution vers une démocratie plus participative qui seule permettrait de réduire la mortelle abstention.
La question cruciale qui sera posée Samedi à l’issue du vote concernera en fait la possibilité d’accéder au second tour
Si Eric Ciotti est battu, ses partisans ne seront-ils pas tentés par un vote en faveur d’Éric Zemmour ?
S’il est élu, ses opposants qui affirment ne pas reconnaître la Droite qu’il veut incarner n’iront-ils pas rejoindre Emmanuel Macron comme l’ont fait hier les Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Roselyne Bachelot et autres ?
On voit bien que le piège lancé en 1985 par le Président Mitterrand alors que sa cote de popularité était au plus bas : « Affaiblir nos adversaires pour se renforcer. Trouver un moyen de les diviser. Pour disperser les forces de la droite, il faut favoriser l'essor du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen qui ne pèse quasiment rien » a durablement détruit l‘Union des Droites qui sous De Gaulle, Pompidou et Giscard s’étaient toujours regroupées pour l’essentiel (rappelez-vous le 13 mai 1968 qu’on a appelé la « Journée de l’Unité » !)
Cette profonde blessure est encore vive au niveau des Politiques qui se refusent d’accepter les voix dites de l’Extrême-Droite (comme s’il n’y avait pas une Extrême Gauche) après la tentative crucifiante de Charles Million.
Mais le peuple français réagit-t-il encore de même ?
Le RN de Marine Le Pen a fait de grands efforts pour se dé diaboliser
Eric Zemmour reste encore trop clivant mais dit tout haut ce que de nombreux Français pensent tout bas
Eric Ciotti veut lui aussi que « la France reste la France »
Et tous les soirs de nouvelles émeutes, viennent nous rappeler que « tout fout le camp ! »
Demain après la réélection prévisible d’Emmanuel Macron il sera temps sur les ruines des LR, du RN et du parti en cours de création d’Éric Zemmour de retrouver le chemin de l’Union des Droites rassemblant, patriotes, libéraux, humanistes en desserrant l’étau du piège mitterrandien pour que la Droite redevienne la Droite, ce qui par parenthèse sera la seule occasion pour la Gauche de se retrouver en dehors des seuls idéologues que nous ne pouvons plus comprendre.
Sociaux-démocrates (de Gauche) et sociaux-libéraux (de Droite) devraient pouvoir ainsi retrouver le chemin d’une alternance raisonnable dont le pays a urgemment besoin !
Pierre Chastanier