Je sais bien que votre prénom, issu de l’hébreu, signifie « Dieu est parmi nous ». C’est peut-être pour cela qu’on vous a appelé Jupiter !
Pendant ces quatre années et demie je ne vous ai pas beaucoup soutenu (c’est le moins qu’on puisse dire et cela m’a valu des reproches de quelques amis communs) pour différentes raisons :
Jamais candidat, jamais élu avant la Présidentielle, vous n’êtes pas arrivé en politique par génération spontanée. Vous avez été choisi par une oligarchie financière (Young Leaders, Banque Rothschild, Enarchie, Henry Hermand qui vous a mis le pied à l’étrier et que vous avez bien vite oublié, Jacques Attali, Jean-Pierre Jouyet dont vous vous également très êtes vite débarrassé en l’envoyant à Londres, Henri de Castries dont vous êtes toujours l’obligé et bien d’autres).
Vous êtes donc prisonnier de vos engagements même si la fonction présidentielle vous a donné quelques degrés de liberté que vous n’aviez pas car ils peuvent régulièrement vous demander « Qui t’a fait Roi ?».
Vous n’avez jamais suivi la voie de l’Union Nationale alors que comme Jacques Chirac contre son Père, vous avez été élu par la Droite et par la Gauche contre Marine Le Pen.
Au contraire comme l’avait tenté Nicolas Sarkozy avant vous avec Kouchner, vous avez pratiqué le débauchage (Le Maire, Darmanin, Bachelot,…) plutôt que l’ouverture aux LR, Centristes et PS dans une coalition « à l’Allemande » qui a si bien réussi pendant si longtemps à Angela Merkel.
Votre jeunesse et votre manque d’expérience (Comment peut-on à 40 ans diriger un Pays comme la France ?) vous ont fait croire que tout était possible et que, tel un Bonaparte en d’autres temps, vous pouviez réformer au pas de charge !
On en a vite vu les terribles conséquences lorsque votre quinquennat inauguré pompeusement sur le parvis de la Pyramide du Louvres s‘est heurté aux grèves, aux Gilets Jaunes, aux incessantes manifestations violentes, à la gestion pas toujours très heureuse du Covid.
Malgré vos tentatives Jupitériennes de gouvernement monarchique, votre logorrhéique monologue qui voulait passer pour un « Grand Débat » à travers toute la France devant des publics soigneusement choisis, loin d’un peuple qui voit son pouvoir d’achat s’effriter alors que l’oligarchie financière qui vous a amené au pouvoir n’a cessé de s’enrichir malgré la crise, un peuple qui souvent réagit avec une violence que vous n’arrivez pas à maîtriser (Black Blocks, vendetta dans les quartiers chauds, drogués entassés dans les arrondissements pauvres, immigrés malmenés à Sangatte ou ailleurs ! On vous a même giflé !), vous n’avez pas convaincu ni pacifié le Pays et il est fort possible que tous ces mouvements reprennent avant la fin d’un quinquennat qui s’est révélé plus que calamiteux !
Jupiter aveugle celui qu’il veut perdre ! Que d’affaires dès le lendemain de votre arrivée à l’Elysée (Bayrou, Ferrand, Benallah, Köhler, Delevoye, de Rugy, Muriel Pénicaud, Flessel, Nyssen, Buzyn, Hulot…). Vous n’avez vraiment pas eu de chance avec votre entourage !
Alors malgré tous ces reproches faudra-t-il quand même vous soutenir ?
Vous avez détruit les Partis. Mitterrand l’avait commencé avec la Droite en favorisant l’émergence du FN, vous l’avez achevé en détruisant également la Gauche.
En dehors des inévitables petits candidats opportunistes voilà la France qui se cherche :
RN, DLF, LR, UDJ, LREM, PS, EELV, FI, PC. Plus jamais à ce rythme on ne retrouvera une Unité Nationale pourtant si nécessaire.
Comme vous l’avez vous-même fait, l’heure est aux candidats mis en selle par des lobbies. Demain, quiconque trouvera les soutiens financiers nécessaires pour aller à l’assaut des 5% de suffrages exprimés (qui ouvrent la porte au Graal des 8 millions d’€ remboursés par l’Etat au premier tour), pourra revendiquer la Présidence.
Seuls en 2022, les LR et le PS et plus difficilement le RN (en empruntant aux Russes !) auront encore la possibilité de soutenir financièrement un candidat et contrairement à vos promesses, vous n’avez ni créé une « Banque de la Démocratie » permettant à tous les Partis de pouvoir faire campagne, ni instauré la proportionnelle (Marine Le Pen avec 33% des voix au second tour n’a que 6 Députés et 1 Sénateur) !
La droite, majoritaire en France a tellement été laminée qu’elle est quasi incapable de trouver en son sein un candidat crédible. Michel Barnier a le profil mais il n’est pas très connu, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand n’appartiennent plus stricto sensu à cette formation, les centristes présents en 2017 à la Primaire de la Droite et du Centre ne peuvent même pas envisager d’avoir un candidat.
La Gauche est tellement divisée qu’elle en est pitoyable : Anne Hidalgo dont la gestion de la ville de Paris laisse à désirer, Arnaud Montebourg qui se traîne dans les sondages, le couple Jadot-Rousseau qui part en vrille, Jean-Luc Mélenchon qui ferait peur s’il ne faisait pas tout simplement rire, le tout plafonnant au mieux à un petit tiers des Français !
Reste Eric Zemmour. Quo non ascendet ?
Il a tellement dressé contre lui les candidats potentiels des LR que sauf une vertigineuse ascension dans les sondages qui les réduiraient au silence il aura sans doute face à lui et Marine Le Pen et le candidat désigné le 4 décembre par le Congrès des LR.
Il va prendre des voix des deux côtés et a même de fortes chances d’être présent contre vous au second tour. Qui sait ? Peut-être même en tête !
Mais au second tour la Gauche « en se bouchant le nez » ira voter pour vous !
Comme je l’ai dit récemment ce sera un TSZ (Tout sauf Zemmour) comme il y avait eu un TSS (Tout Sauf Sarkozy) à la Primaire de 2017.
Vous avez donc des chances d’entamer un second mandat. Cette fois le reproche de manque d’expérience ne pourra vous être opposé et sans doute serez-vous plus aguerri, donc plus humble, dans votre conduite des affaires de l’Etat.
Vous pourrez alors comme je vous le proposais en 2017 :
- Soit rassembler 2 Français sur 3 comme l’avait souhaité sans succès Giscard d’Estaing dans un Gouvernement d’Union Nationale allant des LR au PS (par une main tendue aux appareils et non par un débauchage de quelques individus)
- Soit persister dans votre tentative de Monarchie Républicaine mais les mêmes causes reproduisant les mêmes effets, il est fort possible que votre second quinquennat soit aussi calamiteux que le premier.
Alors a-t-on le choix ?
Sauf si Eric Zemmour revient sur des positions populistes trop radicales et finit par rallier les LR et les Centristes (au second tour les fidèles de Marine Le Pen préfèreront voter pour lui plutôt que pour vous) vous aurez toutes vos chances.
Ne les gâchez pas car la France « quoi qu’il en coûte » pour reprendre votre expression favorite ne peut pas se permettre (éducation, sécurité, emploi, immigration, pouvoir d’achat, démocratie) de persister sur la voie du déclin.
Pierre Chastanier