Chacun peut penser ce qu’il veut de l’immigration, mais aucun humaniste ne peut voir avec indifférence ces bidonvilles qui des portes Nord aux portes Est de Paris d’agglutinent près du périphérique!
On évacue la Porte de La Chapelle, ils se reforment Porte d’Aubervilliers.
Dans ces villages improvisés de cartons et de tôles ondulées, parfois protégés par de simples bâches ou abris de fortune, des familles s’entassent dans des conditions inhumaines où l’hygiène est absente, les vivres rares, les trafics de tous genres inévitables et bien entendu, la Police ne peut guère pénétrer dans ces ghettos sauf par la force alors que terroristes ou mafieux trouvent facilement là, parmi ces déshérités, une masse de candidats aux vols ou aux opérations suicides.
Certes on ne peut pas accueillir toute la misère du monde et le contrôle aux frontières, devenues la passoire de Schengen, doit être à nouveau renforcé mais pourquoi tolérer (malgré les Fake-news qui font croire que les sans-papiers sont logés dans de bons hôtels aux frais du contribuable où bénéficient de cartes bancaires qu’ils peuvent utiliser à loisir) que des êtres humains sur notre territoire puissent survivre dans des conditions aussi précaires comme en témoignent par exemple les camps de Calais et le périphérique parisien ?
Il existe bien sûr des centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis sur l’ensemble du territoire (casernes, résidences universitaires, centres de vacances, auberges de jeunesse…) notamment pour les migrants en cours de régularisation. Les mineurs isolés demandeurs d’asile sont accueillis, eux, par les conseils départementaux en foyer de l’enfance, ou dans des établissements du secteur associatif. Et si parfois des chambres d’hôtel sont réquisitionnées ce n’est qu’en raison de l’absence notoire de places dans les structures collectives d’accueil.
Mais le manque de traducteurs et d’accompagnement sur place incite nombre de migrants à les quitter rapidement pour retrouver y compris dans les pires conditions leur communauté d’origine.
Sur notre vaste territoire, il serait pourtant facile avec l’accord des Mairies locales de construire de véritables villages « exterritorialisés », simples bien sûr, mais disposant d’école, d’installations sanitaires, de centre de soins, et d’ateliers de travail qui permettraient à ces centres de s’autofinancer.
J’entends déjà les cris d’orfraies de « bonnes âmes » refusant qu’y soient appliquées des règles du droit du travail autres que celles inextricables du Code Français ou qualifiant ces villages de camps de concentration. Pourtant ces mêmes belles âmes n’hésitent pas à acheter à bas prix dans nos grandes surfaces des produits chinois fabriqués par des ouvriers de Shanghai ou d’ailleurs qui n’accepteraient plus aujourd’hui de vivre en Asie du Sud-Est dans les conditions de vie de ces migrants sans papiers.
Si pendant la période d’instruction de leur dossier les migrants demandeurs d’asile étaient astreints à résidence dans de tels villages rien ne leur empêcherait, une fois leur dossier accepté d’y rester ou de partir s’ils avaient trouvé un emploi. Quant aux autres ils seraient, après refus, directement reconduits selon le règlement de Dublin (2013) dans le premier pays de l’UE où ils auraient atterris.
J’ai déjà dit et répété que seule une politique massive d’aide au développement de l’Afrique (Sahel) et une politique de paix au Proche-Orient (Syrie) pourrait nous exonérer de cet afflux migratoire qui risque de n’aller qu’en s’amplifiant. On en peut pas placer des mitrailleuses tous les 10 mètres aux frontières de l’Union pour enrayer un possible tsunami et notre démographie vieillissante nous obligera sans doute bientôt (c’est déjà le cas en Allemagne) à ouvrir nos frontières à de jeunes actifs ou à prolonger indéfiniment l’âge de départ à la retraite !
Entre temps ces villages où pourraient se regrouper momentanément des gens capables de s’entraider, de se compléter, de se préparer à une meilleure installation sur notre sol (apprentissage de la langue, pratique d’un métier, enseignement des valeurs républicaines) jusqu’à ce qu’ils soient prêts à affronter une vie indépendante.
On prétend que les expulsions des migrants non régularisés sont quasi impossibles. Mais dans le même temps on ferme souvent les yeux sur le travail au noir, on n’impose pas de sanctions économiques aux pays d’émigration qui refusent de récupérer leurs ressortissants, on oublie que de vastes territoires quasi vides existent dans nos Outremers (en Guyane par exemple) et que tout est une question d’organisation, de volonté politique, de moyens financiers (sachant que si on ne subventionne pas aujourd’hui les structures d’insertion , on devra financer demain la lutte contre les délinquances qui en découleront).
Pierre Chastanier