La pandémie a fait naître chez les Français un goût semble-t-il prononcé pour le télétravail.
Pour les habitants de lointaines banlieues, en effet, la perspective de ne plus avoir à passer jusqu’à 3 heures aller-retour dans les transports en commun (souvent train-métro ou même car-train-métro quand il ne s’agit pas de la voiture avec les embouteillages des sorties des grandes villes) apparaît comme un avantage appréciable.
Certes, tout n’est pas facile, logements parfois inadaptés, présence du conjoint et des enfants, absence de contacts fréquents avec les collègues de travail, confinement parfois mal supporté.
Mais la reprise quand elle aura lieu sera dure.
C’est pourtant l’entreprise qui doit se développer au cœur de la Cité car l’homme est un être social et beaucoup de projets exigent des concertations que le télétravail ne facilite pas. Les métiers, en particulier dans les services, ont beaucoup évolué, le numérique se généralise, les industries de demain seront de plus en plus créatives ce qui suppose que les équipes travaillent ensemble et que les jeunes progressent en regardant les seniors travailler, base même de l’apprentissage.
Bien sûr certains travaux (rédiger un rapport par exemple) peuvent très bien se faire à domicile ou dans des espaces délocalisés multi-entreprises où l’on pourra télétravailler à proximité de chez soi tout en évitant les longs déplacements quotidiens, en préservant une certaine vie sociale, en conservant un équipement de bureau plus adapté, une liaison informatique plus stable, des moyens d’impression ou de copie plus puissants.
Il est fort possible que dans certaines entreprises on puisse même en venir à pratiquer la semaine de 3 jours dont deux jours en entreprise en travaillant plus longtemps (10 heures par exemple) et un jour en télétravail dans des espaces de coworking proches de son domicile auxquels on pourrait avoir accès, plutôt que de rester chez soi, moyennant un chèque-bureau analogue au ticket restaurant exonéré des charges sociales et fiscales (un assistanat de plus dont la France a le secret !).
La semaine de 30 heures pourrait alors permettre deux cycles de 3 jours de travail (soit 6 jours par semaine) qui augmenteraient l’utilisation des équipements et donc la rentabilité.
Certains ont même envisagé la semaine de 4 jours du Lundi au Jeudi pour les uns (32 heures en 4 fois 8 heures) et de 3 jours du Vendredi au Dimanche payés 4 (soit 24 heures en 3 fois 8 heures) pour ceux qui choisiraient de travailler le week-end, générant une utilisation maximale des équipements (7 jours sur 7) et permettant une réduction sensible des surfaces de bureaux !
Mais tout cela doit être le résultat de discussions à mener entre actionnaires, patronat, salariés, syndicats, base d’une réelle participation analogue à celle que j’ai longuement décrite dans mon essai sur « Le Renouveau Gaulliste »
Les conséquences sont nombreuses et les activités de M&A (Fusion et Acquisitions ou Mergers and Acquisitions en Anglais) qui n’ont jamais été aussi importantes (3.000 milliards de dollars au seul premier semestre 2021), pulvérisent tous les records.
Le monde change, la pandémie va peut-être accélérer ce changement.
Restera-t-il un affrontement permanent entre patrons et syndicats, entre manifestants et pouvoir ou comprendra-t-on enfin comme disait le Général De Gaulle que « Tout commande à notre civilisation de construire un nouveau modèle qui règle les rapports humains de telle sorte que chacun, pour sa part, soit responsable de l’œuvre collective dont dépend son propre destin »
Pierre Chastanier