J’ai toujours en mémoire cette Afghane, médecin, fille du Ministre des finances de Zaher Shah, dernier roi d’Afghanistan déposé en 1973 par son cousin Daoud aidé par les Russes. Elle était venue se perfectionner à Lyon dans notre service.
Qu’est-elle devenue cette jeune femme renvoyée à sa Burka et à l’interdiction de sortir sans son mari ? Sans doute morte après la guerre incessante qui débuta en 1979 après le traité d’amitié de la première République afghane avec le « Grand Frère soviétique » immédiatement suivi d’une rébellion anti-communiste où vinrent combattre des Musulmans de divers pays dont le tristement célèbre Oussama Ben Laden avec le soutien matériel et financier des monarchies du Golfe et de la CIA.
Après 10 ans d’impitoyables combats, l’Armée rouge, vaincue, quitta le pays peu de temps avant le débarquement des troupes américaines en Arabie saoudite lors de la première guerre du Golfe dirigée contre l’Irak après l’annexion du Koweït par Saddam Hussein.
Débuta alors une guerre civile de 12 ans où peu après la prise de pouvoir par un islamiste modéré, le commandant Massoud, les Talibans conduits par leur chef charismatique, le Mollah Omar et par Ben Laden allaient renverser le régime. Ce dernier après diffusion de sa déclaration de Djihad contre les Américains allait devenir, après les attentats de 1998 contre les ambassades US de Tanzanie et du Kenya, l’ennemi public n°1 de Washington.
Un mois après les attentats du 11 septembre 2001, devant le refus des Talibans de livrer le Chef d’Al Qaïda, Georges W. Bush lance une vaste offensive militaire en Afghanistan, un temps ralentie, en 2003 lors de la seconde guerre contre l’Irak pour repartir de plus belle en 2008 : 150.000 soldats étrangers sont sur le terrain dont 100.000 Américains.
Obama puis Trump poursuivirent la politique entamée par Bush Junior jusqu’à la signature en 2020 à Doha d’un accord avec les Talibans (sic) qui allait déboucher aussitôt sur de nouveaux combats entre ces derniers et les troupes gouvernementales.
Le 15 août 2021 les Talibans sont entrés dans Kaboul.
Les Occidentaux s’agglutinent à l’aéroport pour évacuer leurs ressortissants, les soldats de l’armée régulière à court de munitions n’ont d’autre solution que de déposer les armes en espérant ne pas finir décapités !
De 1973 à aujourd’hui : 47 ans de conflits et ce n’est pas fini.
Après 20 ans de guerre américaine au Vietnam qui suivirent les 7 années de la première guerre française d’Indochine, voilà donc presque sans interruption depuis 1955, les USA engagés dans ces conflits asiatiques indomptables.
1000 milliards de dollars dépensés pour la seule guerre afghane, 165.000 morts dont 65.000 militaires de l’armée afghane, 2443 soldats et 1789 employés civils américains sans parler des 3000 morts du 11 septembre : pour quel résultat ?
Il reste sur place 16 832 « contractors » dont 6 147 Américains, 6 399 Occidentaux et 4 286 Afghans pour des missions de logistique, de maintenance, de soutien des infrastructures, de sécurité, de transport et formation qui ne résisteront pas à l’effondrement prévisible des forces de sécurité afghanes qui se retrouveront seules, sans soutien aérien, sans moyens matériels et financiers, face à des ennemis aguerris qui rétabliront aussitôt la Charia !
On voit bien que la seule solution à ces affrontements incessants ne peut résulter que d’un accord à intervenir entre les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (USA, Chine, Russie, France, Royaume uni, plus 10 Etats membres élus par l’Assemblée Générale des Nations Unies) qui seuls pourraient au nom de l’humanité toute entière s’arroger un droit d’ingérence pour mettre fin à de tels conflits en séparant les combattants et en favorisant un dialogue constructif entre les factions rivales sans être accusés de néocolonialisme.
Mais le voudront-ils ?
Pierre Chastanier