CIU - Cercle Inter Universitaire




 

Quelle rentrée en perspective ?


Alors qu’après une année ô combien difficile il séjourne au fort de Brégançon, le Président Macron voit sa popularité chuter à 28% d’opinions favorables et 63% d’opinions défavorables. Sa tentative de séduction numérique des jeunes n‘a pas fonctionné et les manifestations hebdomadaires des anti-pass rejoints par des gilets jaunes qui rêvent de retourner sur les ronds-points commencent à être préoccupantes.

Après un premier quinquennat marqué par d’incessantes violences, il faudra bien pourtant que la France qui va vivre une campagne électorale de 8 mois sous la persistance de la pandémie, se ressaisisse si l’on ne veut pas que ses divisions qui apparaissent de plus en plus profondes mettent durablement à mal la démocratie.

Quelles sont les forces en présence ?

Chacun peut penser que si un second tour opposait à nouveau Marine Le Pen à Emmanuel Macron, ce dernier même avec un score réduit par rapport à 2017 l’emporterait encore nettement. Les électeurs du RN malgré leur conscience du plafond de verre qui les arrête voteront sans doute une dernière fois pour elle. Cela ne suffira pas.

Cette hypothèse Macron-Le Pen est encore plus vraisemblable si la Droite républicaine et le Centre n’arrivent pas à s’entendre sur une candidature unique car du côté de la Gauche, les divergences entre socialistes, écologistes et insoumis sont telles que l’Ego démesuré des candidats aidant, il n’y a aucune chance pour qu’une candidature commune inquiète Emmanuel Macron de ce côté de l’électorat.

La candidature possible d’Éric Zemmour, sans parti mais avec un auditoire médiatique qui boit ses paroles peut aussi bouleverser la donne.

Face à lui les Dupont-Aignan et autres Poisson n‘ont évidemment aucune chance, à moins qu’ils appellent à voter pour lui avant le premier tour. La question reste alors de savoir combien de voix il prendra à Marine Le Pen et à la Droite classique surtout si elle est désunie mais l’absence du soutien d‘un Parti dans chaque Canton risque de se faire cruellement sentir d’autant que s’il est candidat il ne pourra évidemment plus s’exprimer chaque soir devant les Français.

Nous voilà donc devant un problème peut-être insoluble sauf en cas de réélection du Président Macron. Plus que le débat d’idée si nécessaire pour choisir un cap pour la France on verra à nouveau s’affronter dans des oppositions stériles un nombre impressionnant de prétendants :

RN : Marine Le Pen

Droite radicale : Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Frédéric Poisson

Droite républicaine et Centre : Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Michel Barnier, Philippe Juvin, Xavier Bertrand, Jean Lassale

LREM : Emmanuel Macron

PS: Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg, Stephane Le Foll

Ecologistes : Delphine Batho, Yannick Jadot, Eric Piolle et Sandrine Rousseau.

FI : Jean-Luc Mélenchon

Extrême Gauche : Fabien Roussel, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou

Faut-il rappeler qu’aux Etats-Unis ils ne sont que DEUX Candidats !

Nous attendons malgré tout, des prises de position claires sur de nombreux sujets :

Comment en finir au mieux avec la pandémie : vaccinations obligatoires, attitude devant les réfractaires, recherche, politique hospitalière?

Quelle politique pour l’immigration : assimilation, intégration, inclusion, attitude vis-à-vis des clandestins, politique sociale envers les non-cotisants 

Quelle politique de sécurité : lutte anti-terrorisme, lutte contre le trafic de drogues, respect dû aux forces de l’ordre, lutte contre la délinquance juvénile, politique carcérale, réforme de la Justice

Quelle éducation pour les jeunes : réforme des maternelles, réforme de l’apprentissage, bourses pour les étudiants, ascenseur républicain, position sociale et recrutement des professeurs

Quelle politique fiscale : progressivité de l’impôt, retour ou non à l’ISF, lutte contre la fraude fiscale et sociale, redéfinition de l’assistanat

Quelle politique étrangère : Développement des coopérations choisies, évolution confédérale de l’Europe, politique monétaire, protection de frontières, aide au développement de l’Afrique et du Proche Orient, politique de défense, attitude vis-à-vis de la Russie.

La République est en train de se déliter car des orientations incompatibles sont prises par deux catégories de Français :

Les uns veulent préserver nos valeurs civilisationnelles, limiter l’immigration, expulser les clandestins, favoriser l’assimilation, développer la démographie d’origine européenne, lutter contre les trafics, faire respecter les forces de l’ordre, lutter contre la délinquance, créer des prisons, limiter l’assistanat…

Les autres veulent une société inclusive, laissant chacun, sur notre territoire vivre selon ses souhaits et ses croyances, libérer le cannabis, abandonner le nucléaire, accepter toutes les revendications des LGBT, accueillir toute la misère du monde ou presque, interdire d’interdire, réduire le temps de travail, augmenter l’assistanat

On pourrait de part et d’autre avec bien sûr beaucoup de nuances allonger la liste de ces souhaits contradictoires. Il faudra bien pourtant choisir même si choisir c’est accepter de se tromper.

L’élection présidentielle tant qu’on reste sous la forme désormais dépassée de la Vème République (aggravée par la concordance avec les législatives) devrait être l’occasion d’un choix de société clairement proposé sous réserve bien sûr d’une participation électorale beaucoup plus active.

Sera-ce le cas ? Nous le vivrons ensemble au cours des prochaines semaines 

Pierre Chastanier