Nous sommes à l’heure des choix.
- Se replier sur l’idée sécurisante de Nation, retrouvant enfin une souveraineté qui s’est égarée dans les méandres d’une Commission de technocrates bruxellois incapables d’appliquer le principe sacro-saint de subsidiarité pourtant gravé dans le marbre des traités de l’UE ?
- Prendre conscience que ce « machin » comme disait le Général De Gaulle ne peut pas fonctionner à 27 selon la loi de l’unanimité et condamne l’UE à n’être qu’une pâle dépendance des USA ?
- Nous réorienter vers une Europe plus réduite revenant aux 6 pays fondateurs qui pourrait fonctionner sur une base fédérale en unissant leurs économies, leurs populations, leurs politiques extérieures et de défense ?
- Oser une Grande Europe confédérale incluant la Russie qui, avec ses 52 Etats et ses 750 millions d’habitants, serait à l’heure des continents organisés la première puissance économique mondiale d’autant qu’elle aurait assez d’atouts pour empêcher sous ses propres fuseaux horaires l’invasion du continent africain par l’expansionnisme chinois?
- Ou finalement, par manque d’imagination, ne rien faire et rester avec notre UE des 27 qui peine à trouver sa place et son rôle dans le monde en restant une annexe de l’OTAN ?
Nombre de nos concitoyens et pas seulement au Rassemblement National (57% d’abstentions aux dernières élections européennes) semblent vouloir revenir à une France indépendante même si, nous l’avons vu encore récemment, l’Union sous l’égide de la BCE a permis de franchir cette première phase de pandémie sans une cascade de faillites.
Ce désir de retour au passé traduit aussi l’inquiétude d’une civilisation qui, incapable d’assimiler correctement les étrangers et ne contrôlant pas son flux migratoire craint un « grand remplacement » et une « soumission » que certains auteurs (Houellebecq) semblent avoir déjà programmés.
Cet « euroscepticisme» actuel peut nous obliger soit à changer soit à régresser, ce qui serait lourd de conséquences pour l’avenir de l’Euro !
Les timides tentatives de rapprochement avec la Russie entamées en 2003 au Sommet de Saint Pétersbourg ont été bien mises à mal dès le G8 de 2007 où, on le sait maintenant, Nicolas Sarkozy est ressorti « groggy » de son entretien avec Poutine à qui il prétendait parler de « tous les sujets qui fâchent »
L’éloignement s’est encore poursuivi lorsque les habitants de Crimée, lors du Référendum du 27 mars 2014 ont à 97% choisi leur rattachement à la Russie plutôt que leur maintien dans la République ukrainienne et les sanctions économiques mises en place ensuite par l’Occident sont loin d’avoir arrangé les choses.
La perte progressive d’influence économique de l’UE, comme d’ailleurs celle des USA, par rapport à la montée en puissance de la Chine mais aussi de l’Inde, du Brésil, de la Russie et de l’Afrique du Sud (les 4 BRICS) , son déclin démographique et son incapacité à régler la question de l’immigration prédisent une réduction drastique de son influence politique et stratégique, alors que sa pyramide des âges en raison de l’augmentation de l’espérance de vie va mettre à mal son modèle social (avant 2050 il faudra soit repousser à 75 ans l’âge de la retraite soit rechercher des actifs partout dans le monde, quitte à voir périr notre modèle civilisationnel hérité de l’Empire romain.
C’est là que sur le long terme ine nouvelle approche confédérative d’une Grande Europe pourrait faire apparaître comme désuète l’idée d’un retour frileux à l’Etat-Nation (Après le Brexit, si la France quittait à son tour l’UE, tout s’effondrerait) . L’exemple de la réconciliation spectaculaire entre la France et l’Allemagne officialisée le 22 janvier 1963 entre deux géants, le Général de Gaulle et le chancelier Adenauer pourrait servir d’exemple à un rapprochement décisif avec la Russie.
En 476, les invasions barbares entraînèrent la chute de l’Empire romain. Les défis économiques actuels qui frappent l’UE lui permettront-ils avant 2050 de relever les défis institutionnels liés à son élargissement possible vers la Grande Europe et à sauver ainsi son modèle civilisationnel d’une seconde invasion?
L’UE est aujourd’hui le premier partenaire commercial de la Russie. Elle cherche à diversifier ses approvisionnements énergétiques alors que son voisin regorge de pétrole. Si une union économique et douanière eurasienne ne survient pas au cours des prochaines années, nul doute que tôt ou tard se substituera à elle une union entre la Chine et la Russie (déjà en gestation dans l’Organisation de coopération de Shanghai) qui bousculera durablement les équilibres géopolitiques et sécuritaires actuels. Or, il faut bien le dire, les rapprochements entre l’OTAN et l’Ukraine ne facilitent pas aujourd’hui une meilleure compréhension.
La politique des sanctions, votée par les Européens à la remorque des USA, suscite une hostilité jugée injustifiée qui atteint la fierté nationale russe alors que la situation en Crimée et même dans le Donbass est sensée illustrer notre vieux principe du « Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
Une politique « à courte vue » nous pousse sans doute à envisager un recroquevillement sur soi-même mais l’intérêt bien compris des peuples européens devrait semble-t-il faire évoluer les mentalités vers une pensée confédérale plus ouverte qui permettrait « inter pares » à la Grande Europe de mieux coopérer avec le continent Nord-Américain au profit de la paix, du progrès économique, de l’équilibre stratégique et de la sécurité dans le monde.