CIU - Cercle Inter Universitaire




 

Pour répondre à certaines questions qui m’ont été posées après mon article sur la mort


 

Chacun sait que la salamandre possède la propriété exceptionnelle de pouvoir régénérer intégralement ses membres amputés ou ses organes partiellement détruits.

Or, cette capacité liée à ses cellules immunitaires existe sans doute  chez tous les vertébrés, mais elle y est malheureusement inactivée. 

Inutile de dire à quel point pour les biologistes la tentation est forte de comprendre par quels mécanismes la salamandre réalise cet exploit pour pouvoir l’appliquer un jour à l’homme.

Il semble que les macrophages, cellules du système immunitaire impliquées dans plusieurs fonctions de défense de l'organisme, contrôlent aussi, chez cet amphibien, le processus de régénération.

Après une blessure, ils atteignent massivement la région abîmée en deux ou trois jours, phagocytent les éléments étrangers qui subsistent, et envoient des  signaux anti inflammatoires qui vont favoriser la cicatrisation.

Les membres manquants peuvent alors être reconstruits à l'identique et on imagine déjà l‘apport que ce mécanisme pourrait amener à la régénération des moelles épinières, au traitement des lésions cérébrales ou des maladies hépatiques ou cardiaques ainsi qu’à la cicatrisation tissulaire après des chirurgies lourdes.

Dans un autre ordre d’idée, on a déjà observé chez l’homme que des cellules souches indifférenciées pouvaient survivre jusqu’à 17 jours après la mort, certains gènes neuronaux continuant de développer des cellules gliales comme s'ils croyaient à une possible résurrection.

En fait, lorsque le cœur s'arrête, la circulation sanguine n'irrigue plus le cerveau, ce qui provoque une dépolarisation des neurones qui meurent.

Au bout de quelques minutes, le cerveau ne montre plus aucune activité électrique et les facultés cérébrales se dégradent rapidement mais certains gènes « zombies » restent encore actifs continuant à transcrire des molécules plusieurs jours après la mort en tentant de réveiller ces fameuses cellules gliales dont le travail consiste justement à nettoyer les dégâts après des lésions cérébrales comme une privation d'oxygène ou un AVC. 

L'organisme serait donc « leurré », pensant pouvoir renverser le cours des événements en réveillant les cellules inflammatoires !

Que se passe-t-il après la mort ? Et quand est-on vraiment mort ? Ces questions que tout individu se pose ont été explorées chez des survivants d'arrêt cardiaque et contrairement à l’opinion largement répandue qui considérait que le cerveau ne pouvait continuer à fonctionner que 20 à 30 secondes seulement après l'arrêt du cœur, l'état de conscience aurait duré chez eux nettement plus longtemps puisque 40 % des survivants ont décrit une forme de conscience à un moment où ils étaient déclarés cliniquement morts (Near Death Experience ou Expérience de mort imminente). 

La mort serait-elle un processus potentiellement réversible et la médecine régénérative pourra-t-elle un jour redonner vie à des personnes en état de mort cérébrale par injection de cellules souches ou par stimulation nerveuse ?

Ces cellules souches en effet qui apparaissent aujourd’hui comme une piste sérieuse dans le traitement de certaines pathologies neurologiques (Alzheimer, Parkinson, lésions cérébrales...) pourraient-elles fabriquer de nouveaux neurones qui répareraient le cerveau des morts pour ramener ces derniers à la vie ?

Ces études poseraient en réalité de nombreuses interrogations éthiques :
  • Comment mener un essai clinique sur des personnes officiellement décédées ?
  • Si la personne retrouvait une certaine activité cérébrale, dans quel état serait-elle ?
Mais sans aller jusque-là, pourra-t-on un jour régénérer naturellement tout ou partie du corps?
  • Pourrons-nous faire repousser des tissus ou même des organes entiers ?
  • Les paralytiques pourront-ils remarcher ?
  • Alors, pourquoi pas, pourrons-nous vivre éternellement?
La génomique, la thérapie génique, la biologie cellulaire, le clonage thérapeutique, laissent penser que la régénération d'une partie du corps humain est désormais envisageable à la recherche de la fontaine de jouvence d’une jeunesse éternelle 

Et quoi qu’on en pense, tout ce qui n’est pas scientifiquement impossible sera sans doute réalisé quelque part tôt ou tard !

 

Pierre Chastanier