La Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité s’affirme Théiste, Mixte et Laïque. Ces valeurs ont également une valeur spirituelle. La précédente lettre concernait la mixité. Cette lettre évoque la nécessité d'un rapport harmonieux avec la Nature
Editorial - Lettre Avril-Mai 2021
Le respect de la Nature fait également partie
des gènes de la GLCS

Dans la perspective de notre séminaire
Comment nier ou ignorer que les insectes disparaissent laissant progressivement à l’homme le soin de polliniser artificiellement ? Il n’y a plus une seule abeille en Chine ! Comment nier que les océans s’acidifient ? La mer de plastique s’étend ! Comment nier que bien des maladies modernes résultent des modes industriels de l’agriculture ou de la chimie ? Quelle que soit l’origine initiale de l’actuelle pandémie, elle résulte de l’action combinée de l’homme et de la nature. Comment nier que certains fruits et légumes contiennent jusqu’à 50 fois moins de certains nutriments indispensables qu’il y a 50 ans ? Comment nier qu’il faut compenser l’obscurcissement du ciel et le moindre ensoleillement par des cures de vitamine D ?
Certains argumentent que le bilan du progrès actuel serait largement positif !
Oui mais à quel prix ?
Le progrès ne peut être acquis à tout prix ! Nous l’apprenons dans nos loges.
« Globalement positif » en santé, en durée de vie, en alimentation, en population nourrie, voilà qui dit tout, pourtant cela passe souvent par pertes et profits tout ce qui a fait notre art de vivre et l’humanisme : l’esthétique, l’art, les détails qui font de la Terre un paradis et non un enfer, le partage, la préférence donnée à l’amour du local par rapport à l’injonction des clergés du global ! Oui la laïcité dont nous reparlerons comme notre troisième pilier, tout comme les cultures auxquelles le nom de notre Obédience fait expressément référence, implique aussi le respect « des » cultures locales dans tous les sens du mot..
Certains visent à remplacer non pas le discours sur la nature, mais la relation du logos avec la nature (éco), c’est-à-dire la saine relation de l’homme, de la nature et de sa culture par en effet « la sagesse de la nature », un masque sympathique a priori, mais en réalité une sagesse qui ne doit rien à l’homme, à sa culture, bref en effet à son logos, terme certes valise qui résume pourtant tout ce dont nous avons hérité de notre civilisation et que des institutions comme la nôtre entendent protéger et transmettre.
Or si la nature peut être massacrée et saccagée par l'Homme, à son détriment d'ailleurs, à long terme elle ne survivra pas sans l'homme pour des milliers de raisons : disparition du CO2 – oui c’est dans longtemps -, ères glaciaires de plus en plus sévères – pas si loin -, éruptions ou catastrophes cosmiques comme celle du Toba ou de la comète Scholtz qui a bien failli faire disparaître l’humanité en herbe.
Le rôle de l'Homme, son Œuvre, est de compléter et de protéger la création. Symboliquement au sortir du jardin d’Eden, au 7e jour, il lui appartient de la garder « juste et parfaite ». Or cela ne va pas de soi, cela va de moins en moins de soi.
Compter sur la seule sagesse de la Nature, ce serait un suicide programmé à l'image de toutes les sectes qui ont prospéré au 20e siècle sur le terreau du fondamentalisme et qui continuent d'ailleurs sous d'autres formes. Nous devons nous fortifier y compris spirituellement pour combattre la tentation du miel des simplifications abusives, constitutive du « diable » (di-abilis étymologiquement)
Si « La Terre est notre Loge » comme l’affiche une de nos loges « Earth Lodge 34 » qui se consacre à la voie symbolique et spirituelle apte à mettre en pratique cette maxime en harmonie avec les valeurs de notre obédience, ce pourquoi je l'ai repris en exergue, c’est d’une part que cette Terre doit être protégée et que d’autre part c’est un combat, et d’abord un combat sur soi.
La « Nature » est également partie intégrante du cosmos. Ses vérités sont à rechercher en haut comme en bas. Il existe sans doute des millions de mondes peuplés de consciences. Cette Terre n’est pas toute la création. Si elle a été donnée à l’humanité, comprenons désormais qu’elle n'est pas accrochée à la survie de notre seule planète. La nature peut être impitoyable à notre égard comme il nous est donné actuellement de le comprendre.
Remplacer les excès de l'anthropocentrisme par la sanctification divine du destin de la seule Terre n'est qu'une forme encore plus fondamentale d'un nouveau « terro-centrisme », celui de la Terre,, un terrorisme de la pensée ; cela conduit à l'abandon de l'Homme au profit d'une Terre qui devra peut-être sa mort mais aussi plus vraisemblablement sa survie à l'écologie et à l’humanisme s'ils réussissent leur révolution intellectuelle et culturelle.
Préparer cette nouvelle « Alliance » entre l’Homme et la Nature passe « aussi » par un travail sur soi. Le fondement d’une société plus soucieuse du futur et des générations à venir passe par les briques que nous contribuons à façonner.
Voilà l’horizon de travail qui nous donne tant de joie dans la perspective de bientôt se retrouver. Poursuivre l’œuvre. Se retrouver en Sœurs et Frères de la vie..
Christine Sauvagnac
Le Grand Maître