Les voilà bien les grévistes CGT qui à 4.000 € par mois empêchent les SMICARDS du monde rural et des petites villes d’aller travailler.
Espérons qu’ils n’auront pas besoin pour leur famille d’une infirmière immobilisée, d’un artisan cloué dans son atelier, d’un médecin sans essence pour une visite à domicile.
Quand on est aux vannes d’une raffinerie, au poste de conduite d’un TGV, au volant d’un gros routier ou d’un tracteur, on a le privilège, comme aurait dit le Président Pompidou, de pouvoir emmerder les Français surtout lorsqu’un Gouvernement incapable tétanisé par le souvenir des Gilets Jaunes n’ose pas prendre les mesures nécessaires et laisse pourrir la situation.
Certes le droit de grève est un droit constitutionnel mais il n’empêche pas un Gouvernement de réquisitionner sans attendre un minimum de salariés pour assurer le maintien du service public ou mieux de mobiliser l’armée pendant que se déroulent les négociations entre syndicats et patronat.
Ce droit ne permet pas non plus d’empêcher de travailler ceux qui ne veulent pas faire grève. Les piquets de grève aux entrées des usines ne reposent donc sur aucune légitimité et doivent être évacués s’il le faut par la force publique au moins lorsque plus de la moitié du personnel se prononce contre l’arrêt du travail.
Il faut que cesse en France cette incapacité de dialoguer autrement que par la menace, l’épreuve de force, le jusqu'au boutisme de syndicats hyper minoritaires mais violemment actifs.
Nos voisins allemands au lendemain de la seconde guerre mondiale, eux dont le pays avait été totalement détruit lors des bombardements alliés, ont reconstitué en quelques années leur niveau de vie d’avant-guerre parce que dans leur constitution (Loi fondamentale de 1949) le droit des travailleurs a été garanti par des fonctions de participation et de codécision des représentants des salariés, tant dans les comités d'entreprises qu'au sein des conseils de surveillance dans les sociétés de capitaux avec une répartition des sièges à parité entre représentants des salariés et des actionnaires dans toute entreprise de plus de 2.000 salariés.
C’est à ce prix qu’ils ont acheté la paix sociale et une compétitivité économique que tout le monde leur envie, actionnaires et salariés trouvant un intérêt commun à faire marcher leur entreprise.
On en est malheureusement loin en France ! Et dire que De Gaulle avait bien avant 1949 montré la voie vers la Participation !
Evidemment, comme toujours, patrons et syndicats s’affrontent dans une guerre des chiffres.
Selon Total la rémunération mensuelle moyenne des 2053 opérateurs de raffinerie est de 5.000 € par mois intéressement compris (et 4300 € sans l’intéressement) et pour les ETAM, Employés, Techniciens et Agents de Maîtrise, le salaire moyen ressort au bilan de l’entreprise pour 4670 € mensuels tout compris.
Des chiffres que ne confirment pas les syndicats en grève qui mettent en avant les différences de rémunération qui peuvent exister entre les plus jeunes salariés et ceux profitant de leur ancienneté et négligent de nombreux avantages dont l'intéressement et la participation, sur lesquels il faut pourtant s'attarder (jusqu'à 14 à 17 jours de congés supplémentaires, télétravail, jusqu'à 5990 à 8440€ de primes, intéressement ou participation, indemnités transport, self, complémentaire retraite, mutuelle, prévoyance, salle de sport, crèche, parking, ce, chèques vacances, tickets cinéma, subventions vacances, chèques cadeaux, culture et sport, accords d'égalité h/f, dispositif handicap)
À titre de comparaison, cette année, un salarié du privé a reçu en moyenne 1702 € intéressement compris. En 2022, les salariés de Total ont donc profité de salaires infiniment plus avantageux que la moyenne nationale.
Certes, la rémunération et les avantages attribués au PDG de Total Energies M. Patrick Pouyanné au titre de 2021 s’élèvent à 5,9 millions d’euros, en hausse de 52% par rapport à 2020.
Le pauvre ne gagne pas tout à fait 500.000 € par mois mais il est vrai que ses avantages sont très largement sous-estimés et que personne ne connaît la réalité des versements que d’habiles conseillers fiscaux peuvent organiser au cœur d’une entreprise mondiale ! Il est bien bête de ne pas s’être fait payer ailleurs …
On connaît pourtant des exemples étonnants notamment dans le monde bancaire !
Certes le versement au PDG de la part variable annuelle de sa rémunération est conditionné au feu vert de ses actionnaires, lesquels ont constaté au titre de 2021 un résultat net du groupe de 16 milliards d’euros, essentiellement lié à la forte augmentation du prix des hydrocarbures.
Les raffineurs en voudraient leur part et on les comprend !
Mais pourquoi sont-ils incapables de trouver d’autres moyens de pression qui ne mettraient pas le pays à genoux !
On verra bien si la « Marche contre la vie chère et l’inaction climatique » prévu demain par Mélenchon et Nupes est la démonstration de force qu’il espère et si Mardi 18, la convergence des luttes s‘organise pour s’opposer à un Gouvernement déjà englué dans tant de problèmes budget, insécurité, essence, retraites… qu’on se demande s’il passera l’hiver !
Pierre Chastanier