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Edito de Pierre Chastanier : Poutine s’énerve ! 24/9/2022
   

Edito de Pierre Chastanier : Poutine s’énerve !   

Bien sûr que je suis fondamentalement opposé à l’invasion de l’Ukraine par la Russie !

Bien sûr que, comme tous les humanistes, je déplore les morts inutiles de part et d’autre, victimes innocentes d’un côté, soldats envoyés de force sur le front de l’autre.

Mais alors qu’une tempête nucléaire s’annonce je voudrais essayer de comprendre et de faire comprendre ce qui se passe.

Le raisonnement est simple :

Si les référendums prévus dans l’Est de l’Ukraine donnent bien les plébiscites qu’on imagine en faveur de Poutine, celui-ci déclarera « Russes » les territoires ainsi annexés et de ce fait toute nouvelle attaque contre ces territoires par l’Ukraine deviendra une attaque contre la Russie justiciable de la réponse adaptée prévue dans le cadre des conventions de l’ONU.

En effet, constatant que la Charte des Nations Unies, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que la Déclaration et le Programme d’action de Vienne, affirment l’importance fondamentale du droit de tous les peuples de disposer d’eux-mêmes, droit en vertu duquel ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel, on se demande comment nos fins diplomates occidentaux n’ont pas coupé l’herbe sous le pied à Poutine en organisant eux-mêmes depuis 2014, avant qu’il y ait des dizaines de milliers de morts et des destructions infernales, sous le contrôle de l’ONU, ces referendums qu’ils vont évidemment aujourd’hui taxer de simulacres !

Où va-t-on ? Les armées alliées pour l’instant, se sentent incapables d’intervenir autrement que par Ukrainiens ou mercenaires interposés, chair à canons à qui elles se contentent de fournir argent et armement. Selon moi elles continueront longtemps ainsi car, même si l’on en est horrifié, on ne peut comparer l’utilisation locale d’armes nucléaires tactiques que les Russes ont déjà utilisées dans le passé, y compris dans des applications civiles (tunnels et mines) , d’une puissance considérablement inférieure à la Bombe A d’Hiroshima, à celle de bombes H 100.000 fois plus puissantes que Russes et Américains possèdent à profusion et comme disait récemment un Général Français « Est-ce que vous pensez sérieusement que les États-Unis sont prêts à rentrer dans cette escalade et sacrifier Washington, New York, San Diego et San Francisco pour sauver Kharkiv? »     

Tant qu’il est en place, Poutine, lui, est prêt à sacrifier Moscou et Saint-Pétersbourg pour se replier dans les 21 millions de Km2 qui lui resteraient, gorgés de gaz et de pétrole même si les 3/4 de la population russe était détruite. Il ne peut pas perdre sauf à être renversé par les Russes eux-mêmes s’ils bravent la prison ou la mort pour s’opposer à lui.

Plutôt qu’armer les Ukrainiens l’Amérique ferait mieux sans doute de déstabiliser Poutine comme elle a si bien su le faire ailleurs !

Quant à la Crimée, don fait à l’Ukraine en 1954 par Khrouchtchev parce qu’elle appartenait encore à l’URSS, il faut être vraiment stupide ou manipulé pour croire un instant que les Russes avec ou sans Poutine la laisseront redevenir Ukrainienne.

Les Américains le savent parfaitement. Mais à travers l’OTAN ils jouent un jeu dangereux dont l’objectif est le gouvernement unipolaire du monde voulu par des puissances d’argent capables de tout acheter. Sauf que ce monde unipolaire risque de buter sur le complexe asiatique Russie-Chine-Inde auquel l’Afrique et le Brésil seraient tentés de se joindre (On voit déjà les protestations de certains intellectuels africains qui contestent l’emprise de la France sur leurs dictateurs).

Ce serait alors l’Occident contre le reste du Monde ! Belles bagarres en perspective dont les complexes militaro-industriels se réjouissent déjà.

Souhaitons que les Européens se réveillent de toute urgence et que d’un commun accord ils engagent avec Poutine s’il en est encore temps l’indispensable conférence sur la sécurité européenne qui pourrait trouver un compromis acceptable en déclarant :

·        La cessation immédiate des hostilités

·        L’organisation après le cessez-le-feu d’un référendum sous contrôle conjoint Européen et Russe dans tous les territoires concernés de l’Est de l’Ukraine dont Russes et Ukrainiens accepteraient à l’avance les résultats.

·        L’abandon par l’Ukraine de ses prétentions sur la Crimée

·        La participation financière pour moitié de la Russie aux côtés de l’Europe à la reconstruction de l’Ukraine

·        La neutralité doublement garantie par l’OTAN et la Russie de tous les territoires frontaliers

·        La fin des sanctions et l’engagement à long terme de la Russie dans la fourniture à l’Europe de ses énergies fossiles

·        Le développement d’une coopération agricole, industrielles, scientifique du Bloc Eurasiatique

·        L’affirmation de la souveraineté de chaque pays de la nouvelle Union et du respect des choix de leur mode de gouvernement.  

Vox clamantis in deserto ?

Pierre Chastanier