L'idéal : c'est quand on peut mourir pour ses idées.
La politique : c'est quand on peut en vivre !
Charles Péguy
Avec 618.384 élus (soit près de 1 élu pour 100 habitants contre 1 pour 2600 par exemple en Angleterre), la France compte un nombre considérable d’élus dont 577 Députés (435 aux USA), 331 Sénateurs (100 aux USA), 78 Députés Européens, 2040 Conseillers Régionaux, 4054 Conseillers Départementaux, 36.785 Maires, 8.000 Délégués intercommunaux et 536.519 Conseillers municipaux (dont 100.000 adjoints). Plus bien sûr 51 représentants à l’Assemblée Territoriale de Corse et 131 pour les Assemblées de Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis et Futuna.
J’espère n’avoir oublié personne ! Ah si ! Les 175 membres du CESE.
Au sein de notre invraisemblable mille-feuille administratif, il faut bien que tout ce petit monde vive. Les uns par leurs indemnités qui peuvent généreusement s’améliorer par le cumul retraites+ mandats, les autres par des avantages en nature…à vie, les bénévoles enfin par de petits arrangements avec le ciel, surtout dans nos 36.000 communes rurales (8.000 communes en Allemagne pays pourtant nettement plus peuplé) où le fait d’être élu et souvent propriétaire terrien arrange bien des choses quant aux PLU !
Pour ne froisser personne, prenons l’exemple d’un des plus vertueux, François Hollande, qui perçoit ses retraites de Président de la République, d’ex-Député de Corrèze, d’ancien Conseiller à la Cour des Comptes, d’ancien Président du Conseil Général de Corrèze soit plus de 15.000 € par mois et qui a eu l’élégance, lui, de ne pas percevoir à vie les 12.000 € supplémentaires qui s’y seraient ajoutés s’il avait siégé au Conseil Constitutionnel, rémunération que ni Nicolas Sarkozy (à vie), ni Laurent Fabius (pour 9 ans) ni Alain Juppé (pour 9 ans) n’ont négligé de percevoir en plus de tout le reste!
J’oubliais toutefois pour François Hollande et Nicolas Sarkozy :
- Un bureau-appartement (charges et téléphone au frais du contribuable)
- Deux employés de maison
- Deux gardiens de la paix devant leur domicile
- Une voiture avec deux chauffeurs
- Deux gardes du corps
- Un directeur de cabinet
- Deux secrétaires particuliers
- Un employé des archives nationales
- Trois secrétaires sténo dactylo
- Le gardiennage, par des gendarmes, de ses propriétés privées
- Un service de sécurité : six gendarmes et policiers.
Il faut bien reconnaître que tout cela prête à rire. Heureusement qu’un lourd voile dissimule ces faveurs à la grande majorité des Français.
Vous l’avez compris, nous vivons dans une Monarchie Républicaine. Où est le De Gaulle qui payait son coiffeur et l’EDF de son appartement privé à l’Elysée ?
La France est le champion du Monde des prélèvements obligatoires pour trois raisons :
- Les sommes considérables affectées à l’assistanat social : Plus de 800 milliards sur les 2200 milliards de PIB soit 36%
- L’incapacité à réduire le nombre de fonctionnaires (5.6 millions pour 64 millions d’habitants en France contre 4.8 millions pour 83 millions d’habitants en Allemagne (dont 2.9 millions d’employés des services publics n’ayant ni le statut ni les avantages des 1.9 millions de vrais autres fonctionnaires)
- L’incapacité à contrôler le tonneau des Danaïdes des dépenses publiques (118% du PIB avec un déficit public de 160 milliards d’€ (soit 6.5% du PIB au lieu des 3% requis par l’UE)
Tout cela ne pourra plus durer très longtemps.
Comment contrôler des dépenses publiques quand tout part à vau-l’eau ?
Impossible car elles sont alimentées par le montant infernal des dépenses sociales lui-même trouvant sa cause dans les inégalités insupportables qui s’abattent sur les Français, les prestations sociales de toute nature n’étant qu’un pis-aller indispensable pour éviter une révolution permanente.
Que faire alors ?
Une révision des institutions est plus que jamais nécessaire, réduisant le nombre des élus et plafonnant leurs avantages (en Allemagne ou en Europe du Nord les élus utilisent les transports en commun)
Un contrôle beaucoup plus judicieux des dépenses sociales, combattant les fraudes, exigeant pour ceux qui sont physiquement et mentalement aptes des contreparties non marchandes de solidarité
Une productivité accrue des fonctionnaires. Notons qu’une productivité accrue* de seulement 10% permettrait de faire le même travail avec 500.000 fonctionnaires en moins (ce qui nous laisserait un ratio de 1 fonctionnaire pour 12 habitants encore nettement supérieur à celui de nos voisins 1 pour 17 habitants) et entraînerait pour une carrière entière (41 ans + 21 ans de retraite+ 10 ans de réversion selon les statistiques de l’INSEE) une économie de 1750 milliards d’€ soit plus de 60% de la dette actuelle de la France)
Mais aussi, au pays du triptyque « Liberté, Egalité, Fraternité » qui décore les frontons de nos édifices publics, une révision drastique des inégalités qui rongent notre pays où les 10% des Français les plus riches possèdent un patrimoine 626.000 fois plus important que les 10% des Français les plus pauvres.
La survie d’une Droite libérale et des valeurs qui lui sont attachées passera tôt ou tard par cette prise de conscience et par l’application, un jour, de la fameuse « solution humaine de ceux qui mettraient en commun, à l’intérieur d’une même entreprise, leur travail, leur technique, ou leurs biens et qui en partageraient, en honnêtes actionnaires, les bénéfices et les risques » (De Gaulle Strasbourg 1947)
- A Paris VIII on disait en parlant des 35 heures : « 35 heures : d’accord mais progressivement 24, 25, 26… » Le Conseil d’Université avait en effet ramené la durée normale de service du personnel administratif à 24 heures !
Pierre Chastanier