Je connais Valérie Pécresse depuis longtemps car nous l’avons reçue à deux reprises dans nos cénacles de DDF et j’ai beaucoup d’estime pour elle et son parcours exemplaire (Ginette, HEC, ENA) puis Députée, deux fois Ministre, Présidente de Région… (Quo non ascendam !)
Ayant l’âge de son père Dominique Roux, universitaire comme moi, je vais me permettre de lui donner (gentiment) quelques conseils si elle veut devenir la première femme Présidente de la République Française.
Il est en effet largement prévisible qu’elle devancera demain Eric Ciotti qui fut pourtant une belle surprise du premier tour de scrutin mais raison de plus pour mesurer les enjeux et les chausse-trappes qui ne manqueront pas de s’accumuler devant elle, y compris par des concurrents cruellement déçus !
Pour mieux la comprendre disons quelques mots de son parcours parfois étonnant !
A 15 ans, elle fréquentait les camps d’été des jeunesses communistes à Yalta ! Elle y a appris le russe mais mesuré aussi très vite les mensonges de la propagande!
Après son passage dans la célèbre « Boîte à Jèze » de Versailles et sa brillante intégration à HEC puis à l’ENA (c’est une des anciennes d’Emmanuel Macron qu’elle qualifia « d’imposture » en 2017), cette « jeune et jolie blonde » autrefois « serre tête et jupe plissée ne sortant jamais sans sa trousse de maquillage » selon son prédécesseur Jean-Paul Huchon, a sans doute subi le sexisme inepte si répandu dans le monde politique et sa candidature plaira incontestablement aux femmes.
Son côté BCBG, pour ne pas dire « grande bourgeoise » va en revanche donner d’elle une image moins « populiste » que celle d’un Xavier Bertrand ou d’une Marine Le Pen auprès de ce que Jean-Pierre Raffarin qualifia de « la France d’en bas ».
Or, le problème est d’atteindre le second tour où il est certain que le Président sortant devant une femme expérimentée, connaissant bien ses dossiers et qui plus est son aînée de l’ENA se sentira moins à l’aise que devant d’autres candidats.
Et c’est là que le bât blesse. Valérie Pécresse ne récolte aujourd’hui que 10.2% des intentions de vote (le double cependant d’Éric Ciotti jusque-là rarement testé par les Instituts de sondage).
C’est évidemment temporaire car après son élection chez les LR elle rattrapera certainement au moins le score de 13.4% de Xavier Bertrand mais c’est encore loin d’Éric Zemmour et surtout de Marine Le Pen.
Il faut donc convaincre les Français qu’elle prendra à bras le corps les questions de Sécurité et d’Immigration. Elle ferait bien pour cela de s’entourer d’emblée de la présence bonhomme et rassurante d’Éric Ciotti et de choisir des « Missi Dominici » moins agressives que celle qui la représentait hier devant les chaînes d’info !
Sécurité, Immigration, lutte contre la pauvreté, emplois, éducation des jeunes, retraités, handicapés, …
Voilà de nombreux dossiers sur lesquels elle devra démontrer qu’elle est capable plus que Marine Le Pen ou Eric Zemmour, sans les humilier, sans les traiter de haut, d‘apporter des solutions réalistes aux Français.
Un Président doit rassembler. Et d’abord la Droite en rappelant comme je le faisais hier les moyens habilement mis en place par Mitterrand en 1985 pour faire monter le FN au détriment du RPR.
Le temps de l’Union des Droites est revenu. Avec une belle présence sur le terrain des élus LR ce sera, si elle l’emporte, l’opportunité d’une nouvelle et solide majorité présidentielle qui rendra possible de beaux gestes d’ouverture.
Valérie, gardez-vous à Droite, gardez-vous à Gauche, soyez proche du peuple car c’est lui qui souffre et résistez à l’inévitable pression oligarchique qui prétendra vous aider pour mieux vous asservir.
Pierre Chastanier