C-I-U       Pages-texte        S'abonner        Menu Lettres       Smartphone
Weblettre



Editos Pierre Chastanier - De Kaboul à Bamako : l’exportation du Djihad 29/8/2021
   

De Kaboul à Bamako : l’exportation du Djihad   

L’arrivée massive aux portes de l’Europe des réfugiés afghans nous amène à réfléchir sur ce qui se passe au Sahel où la France se prépare comme les USA à Kaboul à abandonner les lieux aux Djihadistes.

Malgré la disproportion des moyens mis en jeu (Opération Barkhane lancée par la France en 2014 avec aujourd’hui moins de 5000 hommes pour couvrir sans grands équipements un territoire immense allant du Mali au Niger à comparer à la Guerre d’Afghanistan commencée en 2001 par les USA qui a mobilisé jusqu’à 150.000 soldats dont 100.000 Américains) nous envisageons à notre tour de lâcher prise début 2022.

Avec un budget de 2.5 millions d’€ par jour et 50 soldats français tués au combat nous nous trouvons bien seuls alors que nos efforts contribuent à lutter contre une vague terroriste qui depuis Al Qu’Aïda a essaimé en Europe depuis divers pays musulmans. 

Certes la France est censée recevoir un soutien européen et américain dans cette lutte contre le Djihad !

  • D’Europe : 3 hélicoptères et 90 hommes du Royaume-Uni, 50 soldats estoniens, 70 militaires Danois,  60 Tchèques et 150 Suédois.
  • Des USA : uniquement des drones d’observation déployés dans la zone.

Quel effort !

Face à nos soldats, des groupes terroristes estimés autour de 3000 hommes sont décidés à semer la terreur. Ils visent les Occidentaux, les Chrétiens, les écoliers (Rappelons que Boko Haram signifie : «  l'éducation occidentale est un péché ») et comme les talibans, ils ont le temps devant eux car ils savent bien qu’ainsi qu’au Vietnam ou en Afghanistan les forces étrangères finiront par partir ne serait-ce que sous la pression de leurs opinions publiques. 

Depuis la folie des Bush père et fils déclenchant les deux guerres d’Irak et celle de Nicolas Sarkozy détruisant la Libye sans même parler de François Hollande qui était prêt à partir la fleur au fusil en Syrie que d’erreurs accumulées, que d’argent stupidement dépensé qui aurait permis d’aider massivement ces populations à vivre sur leurs territoires. Les dictatures en place, si sanguinaires soient-elles l’étaient certainement beaucoup moins que le chaos actuel et par des sanctions pétrolières on aurait pu agir (mais on préférait sans doute vendre des armes !)

Incroyable mais vrai : A Kaboul les Talibans se sont emparés des appareils biométriques américains qui recèlent les empreintes digitales, les scans rétiniens et les photos d’identité de milliers d’Afghans parmi lesquels de nombreux criminels et terroristes qu’ils ne manqueront pas d’infiltrer dans les hordes de fugitifs tentant de quitter le pays (5 ont déjà été arrêtés lors des premières arrivées en France !) mais aussi les données biométriques des personnes ayant contribué à l'effort de guerre en tant qu'alliés des Américains ce qui constituera pour eux un véritable risque mortel.

Je ne cesse de le répéter :

  • Seules les interventions décidées par le Conseil de Sécurité de l’ONU et financées équitablement par les parties prenantes peuvent justifier un droit d’ingérence qui ne serait pas qualifié de néocolonialiste.
  • Seule une aide massive, plutôt que des dépenses militaires inconsidérées (Les 1000 milliards de dollars dépensés en 20 ans par les Américains et partis en fumée auraient permis de distribuer, sans pertes humaines, 26.315 USD à chacun des 38 millions d’Afghans, soit 131.578 € par famille dont la taille moyenne est de 5 personnes !) permettra un développement local qui évitera le tsunami migratoire que la guerre, la famine, les menaces religieuses ne manqueront pas d’entraîner.
  • Seule l’éducation des peuples leur permettra de s’affranchir de règles politico-religieuses barbares dont en particulier les femmes sont les premières victimes.

Verra-t-on sans cela déferler de malheureuses Afghanes en Burka dans nos banlieues, suivies des Maliennes, des Nigérianes et de toute la misère du monde ou prendrons-nous enfin, à temps, les décisions qui s’imposent 

Pierre Chastanier