Alors que nos valeurs républicaines sont attaquées de toutes parts, la référence à Voltaire et à son Traité sur la tolérance même si l’authenticité de la célèbre formule qu’on lui prête « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » est plus que douteuse, nous amène à nous interroger sur les menaces qui pèsent sur Éric Zemmour dont le succès de l’émission « Face à l’Info » sur CNews semble irriter au plus haut point le pouvoir et ceux qui le soutiennent.
Non seulement ce succès inquiète l’Elysée car le nombre de téléspectateurs et les adhésions de plus en plus massives qu’il suscite sont considérés comme des outrances mais il met Vincent Bolloré (propriétaire de CNews et dixième fortune de France) dans un réel embarras tiraillé entre ses intérêts financiers (une émission qui cartonne à l’Audimat) et le soutien qu’il doit à la Présidence.
Qu’on puisse préférer à Zemmour les pitreries dérisoires d’un Hannouna est bien le témoin de la volonté des gouvernants de maintenir le peuple dans un état chronique de misère intellectuelle.
Certes le brillant polémiste (membre du Jury de l’ENA) doit faire enrager de jalousie d‘autres chroniqueurs mais est-ce la raison en dehors de cette émission (bien difficile à arrêter sans faire crier à la censure) pour le blacklister dans tous les autres interviews politiques des autres chaînes ?
L’époque n’est plus où des gêneurs (Boulin, Bérégovoy, Grossouvre, Jean-Edern Hallier, Coluche) pouvaient s’envoler brusquement sans qu’on s’interroge trop sur les circonstances de leur disparition.
Les prises de position d’Éric Zemmour peuvent certes être critiquées car si elles s’apparentent au bon sens et sur beaucoup de points caressent les auditeurs dans le sens du poil, elles ne correspondent peut-être pas toujours à une vision à long terme des nécessités du pays.
Bien sûr, s’il décidait comme certains l’y poussent, d’être candidat à l’élection présidentielle il faudrait par souci d’équité, ramener son temps de parole à celui des autres candidats mais tant que ce n’est pas le cas, plutôt que de chercher à censurer, le pouvoir serait bien inspiré de susciter d’autres vocations de pédagogues dont je n’ai cessé de souligner l’indigente absence.
Je rappelais encore il y a peu les propos de notre ami feu Patrick Le Lay, ancien Président de TF1, qui disait qu’on le payait pour « vendre du temps de cerveau disponible » à la publicité de Coca-Cola.
Le rôle des médias est aujourd’hui tel qu’il faut se mobiliser pour refuser d’en faire un outil de crétinisation de notre population.
Participer à l’effort éducatif dans tous les domaines, contribuer à l’ouverture d’esprit politique de nos concitoyens, les distraire aussi, certes, mais de façon intelligente en supprimant les émissions débiles qui abêtissent notre jeunesse.
Voilà bien une raison qui nous est donnée de sauver le soldat Zemmour.
Pierre Chastanier